PREMIERS PAS
CONTEXTE
Aperçu du contexte
Bitcoin est la rareté numérique, une découverte révolutionnaire qui intervient à un moment clé de l’histoire. Nous traversons une conjoncture critique. Comment pouvons-nous la qualifier?
Cette idée de la Fin de l'Histoire, de la convergence de toutes les nations vers un gouvernement mondial pacifique... Eh bien, admettons que nous nous sommes trompés et que nous ne sommes pas encore tout à fait sortis de l'auberge.
Dans ce contexte, il est pertinent de se pencher sur quelques théories qui décrivent la marche cyclique du monde. Populaires parmi les bitcoiners, ces dernières ont prédit avec exactitude des tendances majeures à l'oeuvre et méritent de ce fait toute notre attention.
Que nous apprend l'Histoire sur le rôle de l'État en matière de gestion de la monnaie ? Cette situation de monopole a t-elle vocation à perdurer ?
Ce n'est pas la fin de l'histoire
Cette fin de l'Histoire est une idée qui a imprégné la culture occidentale pendant plus de trente ans. Programmes éducatifs, analyses d’experts et discours politiques nous ont bercé dans l'illusion d’un concert des nations convergeant - à l’unisson ou presque mais en tout cas inévitablement - vers un même idéal de société. Voilà plusieurs décennies que les peuples de nombreuses nations occidentales ainsi mystifiés cheminent insouciants vers un monde globalisé, riche et paisible, cédant en se faisant, et sans grande résistance, leur souveraineté politique, économique, énergétique, culturelle, militaire.
La propagation quasi instantanée de ces multiples crises à l’échelle planétaire a mis en exergue les vulnérabilités du système, soulignant la fragilité des relations internationales clés qui garantissaient la cohésion de l’ensemble. Le caractère ingénu de la vision d’un monde sorti de l’Histoire est mis à nu. Ce mythe vient de voler en éclats. Nous n’avons jamais quitté l’Histoire. Nos sociétés ne sont pas encore immunisées contre les vecteurs qui de façon récurrente dans l’Histoire les ont poussées à de profondes remises en question, précipitant parfois leur effondrement. Ce n’est pas la fin de l’Histoire, mais la fin de la Fin de l’Histoire.
Cette réalisation que nous ne somme pas sortis de l'auberge, ce réveil, marque un point de bascule à partir duquel on en vient à explorer les motifs récurrents de l’Histoire et autres théories décrivant la marche cyclique du monde.
Les cycles l'avaient prédit !
Notons que ces théories comptent leurs détracteurs qui leur reprochent ici l'absence de rigueur scientifique, des biais idéologiques, et là des imprécisions historiques ou une tendance excessive à la généralisation. Des critiques parfois fondées pour des outils toujours perfectibles. Mais la puissance de leur valeur prédictive sur les dix dernières années est indéniable. Considérons les à ce titre au moins comme de solides hypothèses de travail. En voici un aperçu :
La fin d'un cycle d'endettement
Dans L’ordre mondial en mutation (2022), le célèbre milliardaire et analyste financier Ray Dalio examine les grands cycles économiques et politiques. Il perçoit le COVID comme le déclencheur d’une récession économique mondiale d’une ampleur sans précédent au cours des 80 dernières années, soulignant que cette crise était largement prévisible, étant donné la phase finale du long cycle d’endettement dans lequel nous nous trouvons.
Lorsque les cycles d’endettement éclatent, les banques centrales dévaluent les monnaies en imprimant de l’argent frais, entraînant des perturbations dans toute l’économie, et précipitant l’effondrement des monnaies de réserve et l’émergence d’un nouvel ordre monétaire et financier. Le niveau d’endettement est tel qu’une remise à zéro du système monétaire est désormais inévitable. Mais que faire de cette dette ? Provoquer une cure d’austérité prolongée ? Relancer la croissance mondiale ? Annuler la dette ? La dévaluer ? Augmenter les impôts ?
Une crise majeure précède le nouvel ordre mondial
The Fourth Turning (1997) traite d’histoire, de science politique, de sociologie, de démographie et de philosophie. Pour ses auteurs Howe et Strauss l’histoire se déroule selon des cycles générationnels de 80-100 ans qui voient se succéder quatre « tournants » : une phase d’ivresse suivie d’un éveil puis d’un dénouement qui mène à une crise.
Attendons-nous à voir l’individualisme et le collectivisme s’affronter de nouveau, non plus pour le contrôle des moyens de production mais cette fois-ci sur le terrain culturel.
De telles pulsions s’expriment déjà dans des géographies où on les pensait éteintes à jamais. Bitcoin sera sans doute un des principaux moteurs d’une ère de renaissance à venir.
Les quatre tournants se succèdent de la manière suivante :
L’ivresse est l’ère post-crise où l’optimisme ambiant est associé à un degré élevé de conformisme et de confiance dans les institutions.
Typiquement une période de bouleversement spirituel en réaction à un régime de valeur contesté. Un sentiment de rébellion se développe. Songez à la période 1964-1984.
Le dénouement correspond à une phase d’effritement de la société voit les institutions susciter de plus en plus de méfiance. L’individualisme s’y renforce.
La crise conduit à la destruction de l’ordre ancien et à l’émergence d’un nouvel ordre durant le sommet du saeculum suivant. Nous traversons cette phase ! Elle a commencé avec la crise financière mondiale de 2008 et devrait s’achever d’ici la fin de la décennie
Cette dynamique complexe peut se résumer ainsi :
Le numérique bouleverse le pouvoir de l'État-nation
The Sovereign Individual (1999) décrit l’avènement de l’ère numérique (ou ère de l’information) comme la plus importante transition sociétale advenue depuis des siècles : la dernière itération d’une série de mutations qui ont conduit l’humanité des temps immémoriaux de la chasse et de la cueillette à l’ère agricole puis à l’ère industrielle.
L’ouvrage se penche sur les notions de propriété individuelle et d’indépendance de l’individu vis-à-vis de l’État dans le contexte du déclin des États-nations. Les auteurs, qui ont prédit la découverte des cryptomonnaies, prévoient une diminution des rendements de la violence. L’État-nation sera de plus en plus contesté par de nouvelles souverainetés capables d’assurer efficacement la protection tout en consommant beaucoup moins de ressources.
Le succès de l'État-nation reposait sur sa capacité supérieure à extraire des richesses de ses citoyens et à mobiliser des ressources pour mener des guerres à grande échelle. L'émergence du cyberespace en tant que nouveau domaine économique facilite leur protection et complique l'extorsion. C'est la promesse qu'apporte Bitcoin : une monnaie sans permission, résistante à la censure et à la confiscation.
Monnaie inflationniste vs. technologie déflationniste
Le Prix de Demain (2022) de Jeff Booth nous permet d’assembler une autre pièce du puzzle : il met en évidence la tension croissante qui s’exerce entre d’une part la force déflationniste exponentielle du progrès technologique à l’ère du numérique (les prix des biens et services baissent grâce à des gains de productivité gigantesques) et d’autre part, pour la contrer, la force inflationnistes des politiques gonflant la masse monétaire. Le système va bientôt exploser et il faudra le remplacer.
- Poursuivre l'impression monétaire à un rythme accéléré dans un scénario de type République de Weimar qui anéantirait l'épargne des citoyens ?
- Profiter d'un krach déflationniste entraînant l'effondrement du système bancaire et l'arrêt brutal de la consommation ?
Bitcoin est le pont qui permet d'enjamber les crises associées aux deux premiers scénarios. Dans le premier cas, son extrême dureté (c-à-d son offre absolument fixe limitée à 21 millions de bitcoins) agit comme une protection contre l'inflation. Dans le second cas, Bitcoin permet la fondation d'un système monétaire mondial distinct, complètement séparé mais totalement fonctionnel.
Le début d'une nouvelle ère de l'argent
Cycles de Kondratiev – Économiste soviétique, Kondratiev a démontré que la croissance des économies capitalistes combine cycliquement une phase de croissance soutenue de long terme suivie d’une période de dépression. Les cycles qui portent son nom durent 40-60 ans et sont le résultat d’une innovation radicale ou d’une révolution industrielle qui entraîne un cycle vertueux d’investissement.
Goorha et Edstrom analysent l'évolution du bitcoin à la lumière de ces cycles en se concentrant sur l'évolution de la dureté de la monnaie. Ils identifient quatre cycles de Kondratiev :
- l'âge de la monnaie-or (1873-1914)
- l'âge de l'étalon-or (1925-1973)
- l'âge de la monnaie fiduciaire (1973-2009), et
- l'ère du bitcoin (depuis 2009)
Selon cette analyse, on peut envisager les étapes suivantes pour Bitcoin : la monnaie de réserve mondiale incontestée à la fin du premier cycle, la base d'une infrastructure numérique mondiale dans le second, et pourquoi pas le protocole de base des transactions interplanétaires dans le troisième cycle !
La dépolitisation de la monnaie
Une monnaie contrôlée par l'État
Un effondrement imminent du système est probable et Bitcoin a justement été conçu pour prospérer dans de telles circonstances. Avant de nous lancer dans le parcours d’apprentissage, il nous faut répondre à une question pressante qui conditionne la liberté avec laquelle nous pouvons examiner Bitcoin : Quelle est la justification du contrôle de la monnaie par l’État ? Que nous apprend l’histoire à ce sujet ? Pourquoi ce monopole devrait-il durer éternellement ?
Pour dépasser les limites du troc l’homme s’est mis en quête d’un seul et même support commun pour assurer toutes les transactions. Ce support, c’est la monnaie, généralement le bien le plus échangeable dans une société. Parmi les monnaies primitives on trouvait des pointes de flèche, des denrées alimentaires, des coquillages... Les métaux monétaires ont fini par s’imposer et les sociétés ont progressivement convergé vers l’or.
Jadis, c’est le libre marché qui guidait ce processus de sélection du meilleur bien monétaire. Ce n’est plus le cas : le choix de la monnaie est aujourd'hui un processus vertical descendant, une décision qui nous est imposée par nos gouvernements.
Des millénaires d’expérimentation ont permis à l’or de s'imposer comme bien monétaire de référence. C’est une monnaie apolitique choisie par les hommes. La politisation de la monnaie s’est effectuée de manière graduelle et les conséquences de ce processus ont été désastreuses. De multiples prétextes vinrent justifier cette mainmise du pouvoir sur un bien qui dépendait jusqu’alors essentiellement de la sphère privée. En voici la teneur :
- En mettant fin aux monnaies privées le pouvoir allait protéger le peuple des crises financières ;
- En s’octroyant le contrôle de la monnaie l’état allait renforcer le lien national ;
- Ce faisant, il garantissait à toute la nation sa souveraineté monétaire.
Le contrôle de la monnaie a donné à l'État les moyens de financer ses politiques coûteuses et ses guerres interminables. Aujourd'hui, les crises réelles ou imaginaires justifient une impression monétaire effrénée. Au point que les banques centrales s’auto-missionnent de sauver la planète et s’apprêtent à injecter des montants astronomiques dans l’économie (diluant par la même l’épargne des citoyens) pour contrer un péril climatique toujours plus imminent.
L'ingérence croissante de l'État dans la monnaie brouille le mécanisme naturel de fixation des prix. Les prix étant le principal signal guidant les investissements, c'est toute l'économie de marché qui est perturbée.
De plus, le pouvoir de l'argent s'accompagne du contrôle étatique de la société, jusque dans les moindres recoins de notre sphère privée. Que ce soit sur le plan politique, économique ou culturel, la politisation de l'argent semble précipiter une régression civilisationnelle.
Bitcoin incarne une vision de la monnaie déjà défendue par des générations de penseurs, de philosophes et d'économistes depuis la Renaissance. L'urgence d'une telle monnaie a été bien expliquée par certains économistes de renommée mondiale tels que Milton Friedman, Friedrich Hayek et Murray Rothbard.