Vers un Ordre Mondial Nodal

Comment Bitcoin élimine l'inflation et favorise l'épanouissement humain

Michael Goldstein (alias Bitstein)
Nakamoto Institute – Bitcoin Noded podcast
Bitstein.org – JustMeat.co
Page substack de l’auteur   

Publié dans The Bitcoin Times #5 The Austrian Edition, Décembre 2021
Traduction : @Jacques_BTC

Podcast - 1Ăšre Partie

Podcast - 2Ăšme Partie

Un Ă©tat de vigilance permanente de la part des citoyens permet d’achever ce que mille lois, des dizaines de bureaux alphabĂ©tiques et leurs hordes d'employĂ©s n'ont jamais pu faire et ne rĂ©aliseront jamais : la prĂ©servation d'une monnaie saine.
— Ludwig von Mises, La ThĂ©orie de la monnaie et du crĂ©dit 1

L’Ă©tat primordial de l’homme est la pauvretĂ©. La nature est impitoyable dans la raretĂ© des moyens qu’elle met Ă  disposition. Sur une surface donnĂ©e de terre et avec une quantitĂ© fixe de technologie, il y a une limite physique Ă  la production du travail. Comme l’observe Hans-Hermann Hoppe :

Il n’existe qu’un seul moyen pour une telle sociĂ©tĂ© stationnaire d’augmenter encore le revenu rĂ©el par habitant ou de croĂźtre en taille sans perte de revenu par habitant : l’innovation technologique, c’est-Ă -dire l’utilisation d’outils meilleurs et plus efficaces, rendue possible par les Ă©conomies rĂ©alisĂ©es par l’abstinence de loisirs ou d’autres consommations immĂ©diates.

Il conclut que ce n’est qu’en abaissant la prĂ©fĂ©rence temporelle pour accumuler une quantitĂ© croissante de biens d’Ă©quipement et de technologie, qu’il fut possible de s’extirper du piĂšge malthusien tendu par les limites de ressources immĂ©diatement disponibles, donnant ainsi le coup d’envoi de la rĂ©volution industrielle.2

En l’absence d’un certain montant de capital et d’un volume donnĂ© de production, les niveaux de vie que nous tenons pour acquis ne sont pas possibles physiquement. Durant la rĂ©volution industrielle, de nombreux enfants ont dĂ» chercher du travail dans des usines dangereuses pour apporter leur contribution au revenu familial. C’est la « thĂ©orie de la productivitĂ© des salaires », ainsi nommĂ©e par George Reisman, qui a permis de s’en sortir : une augmentation de la productivitĂ©, grĂące Ă  l’accumulation de capital, par laquelle chaque unitĂ© monĂ©taire gagnĂ©e permet d’acquĂ©rir plus de biens de consommation sur le marchĂ©. Par ce processus, les familles purent rĂ©unir assez de ressources avec moins de salariĂ©s. Les enfants purent quitter l’usine, et il fut possible de s’offrir plus de loisirs en gĂ©nĂ©ral.3

Cependant, les outils ne sont que des outils, et une idĂ©ologie publique peut en empĂȘcher l’utilisation la plus productive. Mark Thornton fait remarquer que le recours odieux Ă  l’esclavage, bien que de moins en moins rentable du fait du progrĂšs industriel et du processus dĂ©crit ci-dessus, resta monnaie courante jusqu’Ă  son abolition violente et sanglante, qui fit suite Ă  l’intervention agressive de l’État imposant les patrouilles d’esclaves obligatoires et l’interdiction de l’affranchissement privĂ© des esclaves4.

Le progrĂšs semble donc reposer sur trois choses : l’accumulation de capital, le progrĂšs technologique et une idĂ©ologie publique permettant de le soutenir. Il faut produire davantage d’outils, en inventer de meilleurs et faire en sorte que les gens sachent et veuillent les utiliser.

Le piĂšge malthusien a Ă©tĂ© brisĂ©, mais il n’est pas certain que l’humanitĂ© soit Ă  mĂȘme de promouvoir une coopĂ©ration encore plus fĂ©conde. Mais compte tenu de son omniprĂ©sence dans toute l’économie, la monnaie ce grand catalyseur de la division du travail qui permet tout dĂ©veloppement Ă©conomique, la monnaie est une technologie mĂ»re pour l’innovation.

Les origines de la monnaie

Dans un monde de certitude absolue, il n’y a pas besoin de monnaie. Dans son ouvrage L’Action Humaine Ludwig von Mises dĂ©crit l’Ă©tat hypothĂ©tique de ce qu’il appelle « l’Ă©conomie en rotation rĂ©guliĂšre » : un Ă©tat sans changement et donc sans incertitude. Dans cet Ă©quilibre, il n’y a pas d’action, car toutes les connaissances portant sur le moment et la maniĂšre d’allouer et d’Ă©changer les ressources sont dĂ©jĂ  connues.

Cependant, dans le monde rĂ©el, nous ne connaissons pas l’avenir. ConfrontĂ©s Ă  l’incertitude nous disposons de peu de moyens pour y faire face. Les circonstances et les prĂ©fĂ©rences sont susceptibles de varier Ă  tout instant, tant pour nous-mĂȘmes que pour les autres. C’est pourquoi il nous faut nous prĂ©parer.5 Nous ne pouvons pas compter sur l’Ă©change direct pour obtenir les ressources que nous dĂ©sirons, en raison du problĂšme dit de la double coĂŻncidence des besoins. Il se peut que les autres ne possĂšdent pas ce que nous voulons, ou qu’ils ne dĂ©sirent pas ce que nous avons, et vice versa. Pour faire face Ă  cette incertitude, nous commençons Ă  acquĂ©rir des biens, non pas pour eux-mĂȘmes, mais parce que nous estimons qu’ils sont plus susceptibles d’ĂȘtre dĂ©sirĂ©s par ceux avec qui nous souhaitons Ă©changer. Ces biens peuvent ĂȘtre qualifiĂ©s de « moyens d’Ă©change ».

En la matiĂšre tous les biens ne se valent pas. Si le bien n’est pas durable l’acteur Ă©conomique ne peut ĂȘtre certain qu’il sera encore utile au moment oĂč dans le futur il voudra lui-mĂȘme procĂ©der Ă  un Ă©change. S’il n’est pas transportable, il pourrait ne pas ĂȘtre accessible Ă  l’endroit mĂȘme oĂč il souhaitera effectuer l’échange Ă  l’avenir. S’il n’est pas divisible, il pourrait ne pas ĂȘtre disponible dans la quantitĂ© qu’il veut Ă©changer dans le futur. Un acteur Ă©conomique voudra choisir un bien qui rĂ©pond au mieux Ă  ces incertitudes et qui reste vendable dans le plus grand nombre de lieux, sur la plus longue durĂ©e, et aux Ă©chelles les plus variĂ©es. Comme le souligne Mises dans La ThĂ©orie de la monnaie et du crĂ©dit, « une tendance implacable veut qu’au sein d’une sĂ©rie de biens utilisĂ©es comme moyens d’Ă©change les moins commercialisables soient rejetĂ©s un Ă  un jusqu’Ă  ce qu’il ne reste finalement qu’un seul bien, universellement employĂ© comme moyen d’Ă©change ; en un mot, la monnaie. » 6

Historiquement, cette concurrence du marchĂ© pour le bien le plus vendable a convergĂ© vers l’or, en raison de ses propriĂ©tĂ©s physiques dĂ©sirables : le faible taux de croissance de son offre, sa durabilitĂ©, sa mallĂ©abilitĂ©, etc. Cependant, si ces propriĂ©tĂ©s se sont montrĂ©es bĂ©nĂ©fiques Ă  l’Ă©poque, elles n’ont manifestement pas suffit sur le long terme.

L'État et ses motivations

Les entreprises productives sont dans leur action contraintes par des moyens Ă©conomiques pacifiques, parce qu’elles dĂ©pendent de la propriĂ©tĂ© privĂ©e, qu’elles sont soumises aux caprices de la demande des consommateurs et qu’elles n’ont d’autre recours face Ă  la concurrence que de s’amĂ©liorer en baissant les coĂ»ts de production et en augmentant la qualitĂ©. L’État, en revanche, n’est pas soumis Ă  de telles contraintes. Disposant du monopole territorial de la dĂ©cision finale, il opĂšre par des moyens coercitifs. Les individus et les entreprises sont contraints de payer pour assurer son existence par le biais des impĂŽts et d’autres formes d’expropriation, ce qui dĂ©montre Ă  priori que l’État ne fournit pas des services rĂ©ellement demandĂ©s par les opĂ©rations pacifiques du marchĂ©. L’expropriation rĂ©glementaire et fiscale fournit non seulement un revenu Ă  l’État, mais elle met aussi Ă  sa disposition un mĂ©canisme lui permettant de restreindre la concurrence.

Toutefois, comme l’explique Hans-Hermann Hoppe, la violence n’explique pas Ă  elle seule le succĂšs durable d’un État, et ce dernier fait face Ă  un autre type de contrainte, celle de l’opinion publique.7 Pour qu’un État fonctionne comme il le fait,

…une firme doit, en plus du pouvoir de coercition, bĂ©nĂ©ficier du soutien de l’opinion publique. Une majoritĂ© de la population doit accepter ses opĂ©rations comme lĂ©gitimes. Cette acceptation peut aller de l’enthousiasme actif Ă  la rĂ©signation passive. Mais cela doit ĂȘtre une acceptation, dans le sens oĂč une majoritĂ© doit avoir abandonnĂ© l’idĂ©e de rĂ©sister activement ou passivement Ă  toute tentative d’imposer des acquisitions non productives et non contractuelles de propriĂ©tĂ©. Au lieu de s’indigner de ces actions, de mĂ©priser tous ceux qui s’y livrent et de ne rien faire pour participer Ă  leur rĂ©ussite (sans parler mĂȘme de chercher Ă  s’y interposer activement), une majoritĂ© doit les soutenir activement ou passivement. L’opinion publique qui soutient l’État doit contrebalancer la rĂ©sistance des propriĂ©taires victimes, afin que leur rĂ©sistance active apparaisse futile. L’objectif de l’État, et de chacun de ses employĂ©s souhaitant contribuer Ă  prĂ©server et Ă  amĂ©liorer sa propre position en son sein, est et doit ĂȘtre de maximiser la quantitĂ© de richesses et de revenus acquis de maniĂšre abusive en produisant une opinion publique favorable et en fabriquant une lĂ©gitimitĂ©.

Pour cette raison, l’État dĂ©sire naturellement restreindre toute concurrence susceptible de menacer la lĂ©gitimitĂ© d’un État, et redistribue « à des personnes extĂ©rieures Ă  l’appareil de l’État une partie de la richesse acquise par la force [cherchant] ainsi Ă  les corrompre pour qu’elles assument des rĂŽles de soutien Ă  l’État ». L’État cible en premier lieu la monopolisation de la loi et de la sĂ©curitĂ©, comme moyen de rĂ©aliser et d’appliquer l’expropriation, malgrĂ© son agression contre les droits de propriĂ©tĂ© naturels. Une autre cible clĂ© est l’Ă©ducation, afin d’inculquer aux citoyens un soutien idĂ©ologique Ă  l’État et Ă  ses actions.

Le pouvoir de l’État moderne repose sur la monopolisation d’une industrie particuliĂšre : la monnaie et la banque.

La monopolisation de la monnaie et des banques est le pilier ultime sur lequel repose l’État moderne. En fait, c’est sans doute devenu pour l’État l’instrument le plus prĂ©cieux pour augmenter ses revenus. En effet, nulle part ailleurs l’État ne peut faire un lien plus directe, rapide et sĂ»re entre redistribution-dĂ©penses et exploitation-rendement qu’en monopolisant la monnaie et les banques.

Si un État peut Ă©tablir une monnaie fiduciaire entiĂšrement monopolisĂ©e, il peut la falsifier Ă  volontĂ©. GrĂące Ă  l’inflation monĂ©taire par la contrefaçon (en Ă©mettant un plus grand nombre d’unitĂ©s monĂ©taires sans pour autant fournir la marchandise sous-jacente supplĂ©mentaire), il peut indirectement redistribuer de la richesse de l’Ă©conomie vers lui-mĂȘme et ce Ă  faible coĂ»t et sans la moindre crainte de faillite.

Cependant, Hoppe relĂšve qu’il existe des obstacles au processus de monopolisation de la monnaie. PremiĂšrement, la monnaie marchandise est produite par le marchĂ©, plutĂŽt que par l’État. DeuxiĂšmement, bien que l’inflation ne soit pas aussi visible que la taxation, elle sera tout de mĂȘme ressentie et remarquĂ©e, en particulier par les banques. Par consĂ©quent, l’État est limitĂ© Ă  la fois par la provenance de la monnaie marchandise et par l’idĂ©ologie publique, « et donc il est impossible pour l’État de s’en sortir par la contrefaçon institutionnalisĂ©e, Ă  moins qu’elle ne soit combinĂ©e Ă  des mesures de redistribution capables d’entraĂźner une nouvelle Ă©volution favorable dans l’opinion publique ».

Le libre marchĂ© ayant historiquement arrĂȘtĂ© son choix sur l’or en tant que monnaie, l’État a cherchĂ© Ă  en exploiter les vulnĂ©rabilitĂ©s, en particulier son manque de vendabilitĂ© liĂ© Ă  ses propriĂ©tĂ©s physiques qui ne lui permettaient pas de rĂ©duire l’incertitude Ă©conomique.

L'or n'a pas résolu cela

Hoppe commence par retracer le processus de monopolisation :

Dans un premier temps, la frappe de l’or doit ĂȘtre monopolisĂ©e par l’État. Cela a pour but de dĂ©sinternationaliser l’or psychologiquement en passant d’une perception marquĂ©e de l’or comme bien libellĂ© en termes de poids universel Ă  un or libellĂ© en termes d’Ă©tiquettes fiduciaires. Et cela Ă©limine un premier obstacle important Ă  la contrefaçon, en donnant Ă  l’État le moyen institutionnel de s’enrichir par un processus systĂ©matique de dĂ©prĂ©ciation de la monnaie.

Bien que l’or possĂšde de nombreuses propriĂ©tĂ©s intĂ©ressantes pour une monnaie, la vĂ©rification de l’or reçu lors d’un Ă©change commercial est trĂšs coĂ»teuse. Compte tenu de la valeur nĂ©cessaire associĂ©e Ă  un bien pour qu’il constitue un moyen d’Ă©change largement acceptĂ©, l’État n’est pas seul Ă  vouloir falsifier la monnaie. Tous les paiements reçus doivent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme suspects. Si certains tests de base peuvent ĂȘtre effectuĂ©s par tout un chacun, aucun de ces tests n’est automatique. Dans le pire des cas, et en particulier pour les paiements importants, des analyses chimiques fort coĂ»teuses, qui requiĂšrent des professionnels qualifiĂ©s et des Ă©quipements onĂ©reux, sont nĂ©cessaire pour savoir si vous ĂȘtes rĂ©ellement en possession de tout l’or que vous croyez avoir reçu,.

La mĂ©thode standard la plus exigeante est l’essai par le feu ou coupellation, qui nĂ©cessite de faire fondre l’or pour le peser et le refondre.8 Cela signifie que l’acheteur et le vendeur ne peuvent pas ĂȘtre certains qu’un Ă©change est rĂ©glĂ©. Le vendeur d’un bien ne peut pas ĂȘtre certain de recevoir la totalitĂ© (ou une partie) de la somme d’or en paiement, et l’acheteur ne peut pas savoir s’il n’est pas en train d’utiliser de la fausse monnaie ayant Ă©tĂ© lui-mĂȘme escroquĂ© lors d’une transaction prĂ©cĂ©dente.

Par le passĂ©, cette incertitude Ă©tait minimisĂ©e par un hĂŽtel des monnaies, qui pouvait produire des piĂšces d’or standardisĂ©es d’une certaine qualitĂ© et dotĂ©es d’un design reconnaissable et familier qui pouvait mĂȘme aider une personne Ă  savoir si la piĂšce avait Ă©tĂ© trafiquĂ©e, comme par exemple des stries Ă  l’extĂ©rieur qui seraient lissĂ©es si quelqu’un s’aventurait Ă  limer la piĂšce. Ces hĂŽtels de monnaie percevaient un revenu de seigneuriage en fixant le prix des piĂšces Ă  un niveau supĂ©rieur Ă  la teneur rĂ©elle en mĂ©tal.

En mĂȘme temps, cette confiance dans l’hĂŽtel des monnaies pouvait entrainer des abus. Ce dernier pouvait retirer de la circulation des piĂšces, en diminuer la teneur rĂ©elle en or et en argent, et les rĂ©introduire au mĂȘme prix, augmentant ainsi son revenu de seigneuriage par l’avilissement, la dĂ©gradation des piĂšces. Il pouvait Ă©galement Ă©mettre plus de piĂšces que la quantitĂ© rĂ©elle de mĂ©tal ne le permettait.

Les hĂŽtels de monnaie centralisĂ©s rĂ©duisent l’incertitude sur la qualitĂ© du bien, mais uniquement par la mise en place d’un systĂšme centralisĂ© de confiance, qui introduit une incertitude sur la quantitĂ© rĂ©elle de mĂ©tal dans les piĂšces dĂ©tenues et mises en circulation, et par extension sur la vĂ©ritable masse monĂ©taire de l’ensemble de l’Ă©conomie. L’or Ă©tant dĂ©centralisĂ© en tant que marchandise, il n’y a pas de possibilitĂ© d’auditer l’Ă©conomie dans son ensemble.

DeuxiĂšmement, l’emploi de substituts monĂ©taires au lieu de l’or doit ĂȘtre systĂ©matiquement encouragĂ©e et cette tendance doit ĂȘtre soutenue par la promulgation de lois sur le cours lĂ©gal. Le processus de contrefaçon devient ainsi beaucoup moins coĂ»teux. Au lieu de devoir refrapper de l’or, il suffit d’imprimer des billets en papier.

Le stockage et le transport coĂ»teux d’un bien en diminuent la vendabilitĂ© en raison de l’incertitude pesant sur la possibilitĂ© de le garder en sĂ©curitĂ© jusqu’au moment de l’échange et de le livrer au moment t. En raison de son poids, les coĂ»ts de stockage et de transport de l’or augmentent en fonction de la valeur en or. Le stockage Ă  long terme est mieux assurĂ© par des tiers qui ont les moyens de se doter de la meilleure technologie de chambres fortes pour empĂȘcher les vols. Le transport physique nĂ©cessite de gros vĂ©hicules et de la main-d’Ɠuvre. Comme le vol survient Ă©galement lors du transport, des mesures dĂ©fensives doivent Ă©galement ĂȘtre mises en Ɠuvre pour faire face au risque des bandits de grand chemin, pirates et autres criminels. Le transport est Ă©galement chronophage. Enfin, le caractĂšre physique de l’or en rĂ©duit aussi la vendabilitĂ© Ă  de plus petites Ă©chelles. Si une Ă©conomie basĂ©e sur l’or devient trop riche, il sera difficile de rĂ©gler des transactions avec des atomes physiques d’or.

Les banques ont rĂ©solu ce problĂšme en Ă©mettant des substituts de monnaie sous la forme de certificats papier. Une fois encore, ce n’est qu’en passant par des tiers de confiance que l’or a pu gagner en vendabilitĂ©. Les banques pouvaient stocker l’or en toute sĂ©curitĂ© et les gens pouvaient transfĂ©rer les billets de banque beaucoup plus rapidement, facilement et Ă  moindre coĂ»t, quelle qu’en soit la valeur. Toutefois, une incertitude demeure quant Ă  la validitĂ© des billets de banque en tant que tels et quant Ă  l’or qu’ils reprĂ©sentent effectivement dans un coffre-fort. L’inflation devient alors une pratique bien plus aisĂ©e et accessible Ă  tout supposĂ© gardien de l’or. Les banques peuvent faire l’objet d’un audit, mais pas de maniĂšre indĂ©pendante, de sorte que les clients doivent toujours faire confiance que leur or est gĂ©rĂ© correctement s’ils dĂ©cident d’utiliser une banque (ce qui en pratique est nĂ©cessaire s’ils souhaitent s’engager dans un certain niveau de commerce). Ensuite, mĂȘme avec une banque solvable, l’accĂšs Ă  l’or reste dĂ©pendant d’un tiers.

Une fois que les banques ont adoptĂ© des substituts monĂ©taires Ă  l’or, les États peuvent commencer Ă  adopter des lois sur les monnaies lĂ©gales afin d’augmenter leur capacitĂ© de contrefaçon. L’Ă©tape suivante consiste Ă  cartelliser le secteur bancaire par la crĂ©ation d’une banque centrale. Une fois que c’est fait,

l’État doit exiger de toutes les banques qu’elles dĂ©posent leur or Ă  la banque centrale et qu’elles mĂšnent leurs activitĂ©s exclusivement avec des substituts monĂ©taires au lieu de l’or. De cette façon, l’or disparaĂźt du marchĂ© en tant que moyen d’Ă©change rĂ©ellement utilisĂ© et les transactions quotidiennes sont de plus en plus caractĂ©risĂ©es par l’utilisation de billets de banque centraux.

À ce stade, l’Ă©talon-or n’est guĂšre plus qu’un nom. Le peuple dispose d’une monnaie qui est plus vendable sur de nombreuses dimensions dans l’espace et Ă  l’Ă©chelle. ThĂ©oriquement, ces solutions pourraient ĂȘtre rĂ©alisĂ©es par des entitĂ©s privĂ©es respectant les droits de leurs clients. Cependant, les tendances centralisatrices permettent Ă  l’État d’exploiter cette situation afin d’en tirer le bĂ©nĂ©fice par le biais de l’inflation et de la contrefaçon. Les banques sont tentĂ©es par le contrĂŽle de l’État en raison des avantages qu’elles tirent elles-mĂȘmes du rĂ©gime de la contrefaçon. DĂ©sormais, l’État et les banques deviennent les premiers bĂ©nĂ©ficiaires de l’argent nouvellement imprimĂ©. Connu sous le nom d’effet Cantillon 9, ces premiers bĂ©nĂ©ficiaires dĂ©pensent l’argent avant que l’Ă©conomie ne puisse ajuster les prix pour reflĂ©ter le changement de la masse monĂ©taire.

L’idĂ©ologie publique favorable Ă  ce systĂšme de monnaie fiduciaire procĂšde de deux logiques. PremiĂšrement, la technologie sous-jacente constitue Ă  bien des Ă©gards une amĂ©lioration en crĂ©ant une monnaie plus vendable, bien que son potentiel dans un contexte du libre marchĂ© soit maintenant cooptĂ© et monopolisĂ© par l’État. DeuxiĂšmement, l’État peut en tirer un avantage en s’attribuant le mĂ©rite des bienfaits Ă©conomiques associĂ©es aux effets de cette monnaie plus vendable, tout en dissimulant les coĂ»ts de la contrefaçon sur l’Ă©conomie. Du fait de leur rĂŽle vital dans la facilitation de l’activitĂ© Ă©conomique, les banques comptent naturellement parmi les institutions les plus puissantes de l’économie. Ces derniĂšres fournissent encore plus de lĂ©gitimitĂ© et de ressources pour la mise en place d’une idĂ©ologie publique dĂ©fendant le rĂŽle injuste de l’État dans l’ordre monĂ©taire et lui permettant de perdurer. Il n’est donc guĂšre surprenant que peu de personnes instruites aient la moindre chance d’avoir ne serait-ce qu’entendu le nom de Ludwig von Mises au cours de leurs Ă©tudes.

L'ordre mondial Fiat

Beaucoup d’encre a coulĂ© sur ce qui s’est produit en 1971 et ce qui s’est passĂ© depuis. Cette annĂ©e-lĂ , le peuple amĂ©ricain, et tout individu dĂ©pendant de la RĂ©serve fĂ©dĂ©rale au niveau mondial, fut soumis Ă  une expĂ©rience monĂ©taire complĂšte de type fiat. Le lecteur est invitĂ© Ă  lire « Banking, Nation States, and International Politics » de Hans-Hermann Hoppe pour une Ă©tude plus complĂšte de la construction de cet ordre mondial fiat.

L’ordre mondial fiat encourage notamment les États Ă  Ă©tendre leur pouvoir non seulement par la conquĂȘte militaire, mais aussi par leur engagement dans un impĂ©rialisme monĂ©taire :

Il est dans l’intĂ©rĂȘt naturel d’un État d’Ă©tendre son territoire militairement ; on peut donc s’attendre Ă  une tendance Ă  la concentration relative des États. Il est Ă©galement dans l’intĂ©rĂȘt d’un État de s’engager dans l’ « impĂ©rialisme monĂ©taire », c’est-Ă -dire d’Ă©tendre sur de plus vastes territoires son pouvoir de contrefaçon; il faut donc s’attendre Ă  une tendance Ă  la crĂ©ation d’une monnaie papier unique.

Ces deux intĂ©rĂȘts et tendances se complĂštent. D’une part, tout mouvement en direction d’un cartel international de la contrefaçon est vouĂ© Ă  l’Ă©chec si il n’est pas accompagnĂ© par la mise en place d’une domination et d’une hiĂ©rarchie militaires. Les pressions Ă©conomiques externes et internes tendraient Ă  faire Ă©clater le cartel. Avec la supĂ©rioritĂ© militaire, en revanche, un cartel d’inflation devient possible. D’autre part, une fois un tel cartel rendu possible par la domination militaire, l’État dominant peut effectivement Ă©tendre son pouvoir d’exploitation sur d’autres territoires sans avoir Ă  recourir Ă  la guerre et Ă  la conquĂȘte. En fait, la cartellisation internationale de la contrefaçon permet Ă  l’État dominant de poursuivre par des moyens plus sophistiquĂ©s (c’est-Ă -dire moins visibles) ce que la guerre et la conquĂȘte seules ne pourraient sans doute pas rĂ©aliser.

À une Ă©chelle plus individuelle, les comptes bancaires en monnaie fiat sont rĂ©guliĂšrement fermĂ©s et bloquĂ©s sur la base de simples caprices politiques. Les paiements Ă  certains marchands et Ă  certains pays sont parfois interdits, mĂȘme si la transaction elle-mĂȘme est lĂ©gale. L’accĂšs Ă  son propre argent n’est tout simplement pas un fait acquis.

MalgrĂ© tout cela, compte tenu des capacitĂ©s technologiques disponibles dans l’Ă©conomie, le marchĂ© a quand mĂȘme choisi l’or. Mais ce mĂȘme choix a rendu l’Ă©conomie vulnĂ©rable Ă  la contrefaçon. Ces mĂȘmes tiers dont on avait besoin pour que l’or fonctionne comme monnaie ont Ă©galement rendu possible l’ordre mondial fiat. Sans progrĂšs technologique significatif, aucune solution saine de remplacement n’est possible, et encore moins le soutien du public.

Bitcoin corrige cela

Le seul moyen d’ĂȘtre sĂ»r que vos donnĂ©es d’indexation sont sĂ©curisĂ©es c’est d’effectuer vos propres vĂ©rifications et indexations.

– Satoshi Nakamoto10

En 2009, l’Ă©conomie Ă©tait bien engagĂ©e dans la rĂ©volution numĂ©rique. Un certain nombre de technologies clĂ©s avaient Ă©tĂ© adoptĂ©es et largement diffusĂ©es, notamment les arbres de hachage, la cryptographie Ă  clĂ© publique, les rĂ©seaux P2P et le [ndt. algorithme de hachage sĂ©curisĂ©] SHA-256.11 Un brillant programmeur pseudonyme nommĂ© Satoshi Nakamoto combina ces technologies pour crĂ©er Bitcoin.

Bitcoin rĂ©sout ce que l’on appelle le problĂšme de la double dĂ©pense sans autoritĂ© centrale. N’importe quel autre systĂšme de monnaie numĂ©rique existant, y compris les monnaies fiat existantes et les infrastructures de paiement qui en dĂ©pendent, ainsi que d’autres monnaies numĂ©riques, nĂ©cessite une autoritĂ© centrale afin de dicter et conserver l’historique rĂ©el d’un registre monĂ©taire, afin de s’assurer que les mĂȘmes unitĂ©s de monnaie ne sont pas dĂ©pensĂ©es Ă  deux reprises. Bitcoin, au contraire, dĂ©centralise la tenue des comptes et utilise un systĂšme de preuve de travail pour maintenir un consensus sur l’historique rĂ©el du grand livre entre comptables indĂ©pendants.

Un nƓud complet Bitcoin est un comptable indĂ©pendant. Il se connecte au rĂ©seau Bitcoin, tĂ©lĂ©charge l’ensemble de l’historique du grand livre et valide chaque bloc et chaque transaction reçue Ă  partir des rĂšgles de Bitcoin qu’il a adoptĂ©es 12.

Chaque nƓud complet fonctionne de maniĂšre indĂ©pendante selon sa propre instanciation du logiciel et les rĂšgles qu’il contient. Les entrĂ©es de transaction doivent ĂȘtre signĂ©es cryptographiquement par la ou les clĂ©s privĂ©es correctes. Ces entrĂ©es doivent pouvoir ĂȘtre reliĂ©es Ă  des sorties de transaction valides. La valeur totale des entrĂ©es doit ĂȘtre supĂ©rieure ou Ă©gale Ă  celle des sorties.

En outre, les blocs doivent comporter des transactions valides dont les entrĂ©es n’ont pas dĂ©jĂ  Ă©tĂ© dĂ©pensĂ©es. Ils doivent inclure un pointeur vers un bloc valide prĂ©cĂ©dent. Ils doivent avoir un nonce de preuve de travail associĂ© qui permet une collision de hachage partielle d’une certaine difficultĂ© de calcul. Ils doivent inclure une seule transaction Coinbase, qui n’a pas d’entrĂ©e, mais dont la sortie ne doit pas ĂȘtre supĂ©rieure Ă  la subvention du bloc actuel plus les frais de transaction.

Il existe de nombreuses autres rĂšgles qui sont vĂ©rifiĂ©es, automatiquement, chaque fois qu’une transaction ou un bloc atteint un nƓud bitcoin.13 Dans son ensemble, le nƓud complet instancie un comptable automatisĂ© qui reprĂ©sente la volontĂ© de l’utilisateur, indĂ©pendamment de qui que ce soit d’autre dans l’univers, et sur la base d’une configuration particuliĂšre des paramĂštres du rĂ©seau de son choix.

Le rĂ©seau bitcoin a Ă©tĂ© conçu de telle sorte qu’un nƓud complet peut fonctionner dans un bunker, coupĂ© du reste du monde, Ă  l’exception d’une seule connexion Internet.14 Un nƓud complet peut juger par lui-mĂȘme de toute donnĂ©e qu’il reçoit et qui prĂ©tend ĂȘtre un bloc ou une transaction valide. La preuve de travail permet au nƓud complet d’ordonner correctement les donnĂ©es. Il suffit d’un seul bloc avec une preuve de travail plus difficile pour que le nƓud complet sache exactement comment rĂ©organiser sa copie de la blockchain pour rejoindre le consensus. Une attaque Ă©clipse, par laquelle un nƓud complet n’est plus connectĂ© qu’Ă  des nƓuds adversaires, ne peut persister que jusqu’Ă  ce que ce nƓud parvienne Ă  recevoir une seule charge utile d’en-tĂȘte de bloc de 80 octets qui raconte une histoire diffĂ©rente. Une fois que le nƓud complet reçoit un bloc et des transactions et qu’il valide les donnĂ©es, il connaĂźt l’Ă©tat du rĂ©seau bitcoin, et il le connaĂźt avec certitude.

Un nƓud complet Bitcoin est une machine Ă  certitude. Lorsqu’un utilisateur exĂ©cute un nƓud complet, il obtient un niveau de certitude sur un rĂ©seau monĂ©taire qu’aucun humain n’avait avant l’existence de Bitcoin. Toutes les autres technologies monĂ©taires sont criblĂ©es d’incertitudes. Bitcoin rĂ©sout ce problĂšme.

L’objectif fondamental de l’ingĂ©nierie du Bitcoin est de rĂ©soudre deux problĂšmes : la double-dĂ©pense et l’Ă©mission [ndtr. monĂ©taire]. Le premier problĂšme est rĂ©solu par l’horodatage de la preuve de travail. Le second par l’ajustement de la difficultĂ© et les exigences portant sur les transaction de coinbase. Comme nous allons le voir, rĂ©soudre ces deux problĂšmes, et les solutionner comme l’a fait Bitcoin, a permis de colmater les failles de sĂ©curitĂ© qui dans les technologies monĂ©taires prĂ©cĂ©dentes occasionnaient des incertitudes exploitĂ©es Ă  des fins politiques monopolistiques.

La premiĂšre Ă©tape vers un contrĂŽle Ă©tatique de la monnaie a consistĂ© Ă  en monopoliser la frappe, afin d’introduire un modĂšle de confiance pour la vĂ©rification des piĂšces. Bitcoin a rĂ©solu ce problĂšme en introduisant un grand livre de comptes sĂ©curisĂ© par cryptographie dans lequel la validitĂ© d’une unitĂ© est vĂ©rifiĂ©e automatiquement et instantanĂ©ment. L’exploitation d’un nƓud permet Ă  un utilisateur de s’assurer que l’offre et la qualitĂ© de toutes les unitĂ©s sont mathĂ©matiquement saines. L’offre est gĂ©rĂ©e par des rĂšgles de subvention strictes pour la transaction coinbase et les exigences de difficultĂ© de preuve de travail, et l’échĂ©ancier par l’ajustement de la difficultĂ©. Les destinataires des unitĂ©s de bitcoin nouvellement Ă©mises ne peuvent rĂ©aliser un bĂ©nĂ©fice que dans la mesure oĂč ils peuvent continuer Ă  trouver des sources d’Ă©nergie et du matĂ©riel rentables dans un  contexte fortement concurrentiel, et non simplement en ayant obtenu un monopole lĂ©gal pour produire des piĂšces Ă  un prix supĂ©rieur Ă  leur valeur de fusion. Bitcoin rĂ©sout le seigneuriage.

La seconde Ă©tape a consistĂ© Ă  encourager l’utilisation de substituts monĂ©taires au lieu de la monnaie marchandise elle-mĂȘme. Cela n’est pas malveillant en soi, car les substituts monĂ©taires permettent d’effectuer des transactions qui seraient autrement prohibitives en raison des coĂ»ts de stockage et de transport et du manque de divisibilitĂ©. Cependant, cela introduit nĂ©cessairement un risque de contrepartie associĂ© Ă  la banque qui dĂ©tient la monnaie, ce qui demande aux utilisateurs de rester confiants qu’elle dispose bien de la marchandise pour un Ă©change.

Les coĂ»ts de stockage et de transport de Bitcoin sont en revanche de plusieurs ordres de grandeur infĂ©rieurs Ă  ceux de l’or. Le stockage des bitcoins ne nĂ©cessite fondamentalement que la capacitĂ© de conserver une clĂ© privĂ©e de 256 bits. Le coĂ»t de stockage des clĂ©s de Bitcoin est indĂ©pendant de la valeur du bitcoin, et cela vaut que les clĂ©s dĂ©tiennent ou contrĂŽlent quelques satoshis ou quelques milliers de bitcoins. Comme pour les logiciels et les informations purs, des mĂ©thodes de stockage innovantes peuvent ĂȘtre adoptĂ©es. LĂ  oĂč toute autre monnaie en circulation nĂ©cessite de placer des unitĂ©s dans un coffre-fort ou un registre centralisĂ©, les nƓuds complets Bitcoin reconnaissent l’utilisation de transactions Ă  signatures multiples – multisig -, permettant un stockage dĂ©centralisĂ© qui peut mĂȘme ĂȘtre pluri-juridictionnel. Les clĂ©s peuvent Ă©galement ĂȘtre stockĂ©es dans la mĂ©moire de l’utilisateur, ce qui permet de se passer d’un emplacement physique pour le stockage, ce qui peut s’avĂ©rer utile pour se prĂ©munir contre l’incertitude politique. Bitcoin ne nĂ©cessite pas non plus l’ouverture d’un coffre bancaire pour dĂ©poser des fonds supplĂ©mentaires.

Le transport et le rĂšglement sur Bitcoin sont beaucoup moins chers que sur tout autre rĂ©seau monĂ©taire existant, y compris la monnaie fiduciaire numĂ©rique, car ils peuvent se produire entre deux clĂ©s, n’importe oĂč dans le monde et Ă  tout moment, pour un coĂ»t relativement faible. Le rĂšglement peut se faire en une heure, ou instantanĂ©ment grĂące au rĂ©seau Lightning. Alors que l’or pĂątissait d’une limite Ă  sa divisibilitĂ©, rendant difficiles les transactions de petites quantitĂ©s d’or en l’absence de substituts monĂ©taires, le bitcoin peut ĂȘtre Ă©changĂ© facilement pour de petits montants, en particulier avec le rĂ©seau Lightning, qui permet des montants infĂ©rieurs au satoshi. En outre, les coĂ»ts associĂ©s aux transaction sur la monnaie bitcoin de base sont uniquement fonction de la consommation de donnĂ©es, de sorte que la valeur du bitcoin peut augmenter Ă  l’infini sans pour autant entraĂźner des coĂ»ts extrĂȘmement Ă©levĂ©s.

L’exĂ©cution d’un nƓud complet permet Ă  son utilisateur de devenir sa propre banque, de sorte qu’aucune banque Ă©mettrice de billets n’est nĂ©cessaire, ce qui empĂȘche tout problĂšme de contrefaçon ou de double dĂ©pense, Ă  moins qu’une personne ne dĂ©cide dĂ©libĂ©rĂ©ment de prendre un risque de contrepartie. Par exemple, l’introduction d’un substitut de monnaie sur un exchange ne peut affecter la monnaie de façon systĂ©mique, mais seulement de façon localisĂ© aux utilisateurs de ce substitut. Dans la mesure oĂč l’on peut considĂ©rer une deuxiĂšme couche, telle que Lightning, comme un substitut monĂ©taire, un utilisateur peut maintenir son propre nƓud complet et chaque unitĂ© est cryptographiquement liĂ©e Ă  la monnaie de base rĂ©elle, garantissant ainsi que chaque transaction est valide selon la comptabilitĂ© de son nƓud complet bitcoin. Les utilisateurs habituĂ©s Ă  un niveau d’exigence plus Ă©levĂ© en matiĂšre de rĂšglement indĂ©pendamment vĂ©rifiable de la monnaie de base et de certains substituts monĂ©taires, ils peuvent nourrir des attentes beaucoup plus Ă©levĂ©es et des exigences plus strictes vis-Ă -vis des services tiers, ainsi que davantage d’outils pour identifier les mauvais comportements Ă  corriger rapidement dans le processus du marchĂ©.

Cela permet Ă©galement d’interfacer la monnaie de base d’une maniĂšre qui rĂ©siste Ă  la censure. Dans un systĂšme bancaire entiĂšrement fiat, tous les paiements reposent sur des substituts monĂ©taires imposant le recours Ă  des contreparties qui peuvent bloquer les transactions et fermer les comptes. En Ă©tant leur propre banque, les utilisateurs de bitcoins peuvent diffuser des transactions comme ils le souhaitent, et pour peu que des frais suffisamment Ă©levĂ©s soient payĂ©s, un mineur peut avec une preuve de travail suffisante inclure la transaction dans un bloc, qui Ă  son tour met Ă  jour la blockchain sur chaque nƓud partageant le mĂȘme ensemble de rĂšgles. Si vous exĂ©cutez un nƓud, vous pouvez vĂ©rifier avec la mĂȘme certitude que n’importe quelle autre transaction que le paiement a rĂ©ussi.

Étant donnĂ© qu’un nƓud Bitcoin complet est censĂ© pouvoir fonctionner dans un bunker, la commercialisation du bitcoin tend vers la production de logiciels rĂ©trocompatibles. Si les rĂšgles devaient changer d’une maniĂšre incompatible avec le passĂ©, un utilisateur serait obligĂ© de consulter une source de logiciel de confiance pour obtenir le logiciel et les rĂšgles corrects chaque fois qu’il souhaite se synchroniser avec le rĂ©seau. Cette tendance renforcĂ©e Ă  la rĂ©trocompatibilitĂ© garantit aux opĂ©rateurs de nƓuds que leur comprĂ©hension du rĂ©seau, en particulier de leurs propres soldes, et que leur capacitĂ© Ă  dĂ©penser leurs piĂšces resteront intacts. On ne peut pas en dire autant des utilisateurs de systĂšmes monĂ©taires fiat qui se rĂ©veillent en dĂ©couvrant qu’ils ne peuvent plus accĂ©der Ă  leur argent, souvent sans aucun recours.

Enfin, l’utilisation d’un nƓud Bitcoin complet confĂšre l’assurance accrue d’un contrĂŽle individuel sur la divulgation d’informations d’identification Ă  des tiers. Le rĂ©seau bitcoin fonctionne de maniĂšre pseudonyme, mais dans le cadre d’échanges, des informations peuvent ĂȘtre partagĂ©es sur la propriĂ©tĂ© des adresses, pouvant rĂ©vĂ©ler l’identitĂ©, les soldes et la maniĂšre dont les bitcoins sont stockĂ©s. En utilisant un nƓud complet, un utilisateur rĂ©duit le nombre d’informations qu’il doit partager pour s’interfacer avec le rĂ©seau, et peut donc rĂ©duire le niveau d’incertitude associĂ© Ă  la diffusion publique de certaines informations qui pourraient ĂȘtre utilisĂ©es contre lui par de mauvais acteurs.

L’architecture novatrice et rĂ©volutionnaire de Bitcoin, conçue pour permettre une propriĂ©tĂ© et une vĂ©rification indĂ©pendantes, efface complĂštement les problĂšmes clĂ©s qui ont conduit Ă  la centralisation de l’or. Bitcoin a rĂ©parĂ© la monnaie, et cette rĂ©alisation est dĂ©sormais à  la portĂ©e de chaque individu.

NƓuds Bitcoin et individualisme mĂ©thodologique

L’Ă©cole autrichienne emploie l’individualisme mĂ©thodologique parmi ses outils de discernement de la thĂ©orie Ă©conomique. Alors que certaines Ă©coles de pensĂ©e professent qu’un groupe peut ĂȘtre dotĂ© d’une volontĂ© propre, les Autrichiens reconnaissent que ce groupe est lui-mĂȘme composĂ© d’individus, dont nous pouvons analyser les actions. Ludwig von Mises Ă©crit :

Il faut d’abord se rendre compte que toutes les actions sont rĂ©alisĂ©es par des individus. Un collectif fonctionne toujours par l’intermĂ©diaire d’un ou plusieurs individus dont les actions sont liĂ©es au collectif en tant que source secondaire. C’est le sens que les individus agissants et tous ceux touchĂ©s par leur action attribuent Ă  une action, qui dĂ©termine son caractĂšre. C’est le sens qui marque une action comme Ă©tant l’action d’un individu et une autre action comme Ă©tant l’action de l’État ou de la municipalitĂ©. Le bourreau, et non l’État, exĂ©cute un criminel. C’est le sens des personnes concernĂ©es qui discerne dans l’action du bourreau une action de l’État. Un groupe d’hommes armĂ©s occupe un lieu. C’est le sens des intĂ©ressĂ©s qui impute cette occupation non pas aux officiers et aux soldats sur place, mais Ă  leur nation. Si nous examinons le sens des diverses actions accomplies par les individus, nous devons nĂ©cessairement tout apprendre des actions des ensembles collectifs. Car un collectif social n’a pas d’existence et de rĂ©alitĂ© en dehors des actions des individus qui le composent. La vie d’un collectif est vĂ©cue dans les actions des individus qui constituent son corps. Il n’y a pas de collectif social concevable qui ne soit pas opĂ©rant dans les actions de certains individus. La rĂ©alitĂ© d’un ensemble social consiste en ce qu’il dirige et libĂšre des actions dĂ©terminĂ©es de la part des individus. Ainsi, le chemin vers une connaissance des ensembles collectifs passe par une analyse des actions des individus.15

Il en va de mĂȘme pour Bitcoin. Le rĂ©seau Bitcoin n’a pas de volontĂ© propre. Il s’agit d’un groupe d’utilisateurs de bitcoins qui agissent individuellement sur la  base d’un ensemble de rĂšgles de rĂ©seau partagĂ©e. Chaque individu est libre de choisir un ensemble de rĂšgles ou un autre, et le rĂ©seau lui-mĂȘme est dĂ©fini par le consensus sur ce que sont ces rĂšgles. Tout rĂ©seau TCP/IP entre deux ou plusieurs ordinateurs est un internet, mais un seul rĂ©seau TCP/IP est l’Internet. De mĂȘme, tout rĂ©seau de nƓuds bitcoin est un rĂ©seau bitcoin, mais un seul est « le » rĂ©seau bitcoin.

Lorsqu’un individu active un nƓud Bitcoin, il exprime sa volontĂ© quant Ă  ce que devraient ĂȘtre les rĂšgles de Bitcoin, instanciĂ©es par un logiciel robuste qui ne permet aucune exception. Il n’a pas besoin d’autres raisons que son pur intĂ©rĂȘt personnel pour activer le nƓud. Ce dernier n’est pas censĂ© ajouter de la sĂ©curitĂ© au rĂ©seau dans un sens altruiste, oĂč un nƓud supplĂ©mentaire renforcerait un indicateur de sĂ©curitĂ© particulier. Au lieu de cela, il ajoute au rĂ©seau une expression de ce qui dĂ©finit une unitĂ© de bitcoin que son utilisateur recevra et dĂ©pensera.

Les utilisateurs ne choisissent pas seulement selon rĂšgles qui les intĂ©ressent personnellement. Un utilisateur peut souhaiter des paramĂštres du rĂ©seau lĂ©gĂšrement diffĂ©rents, peut-ĂȘtre avec une taille limite de bloc plus importante ou un nouveau type de transaction. Mais au lieu de cela, il choisit la maniĂšre d’instancier son nƓud selon ce qui est le plus susceptible de lui permettre d’effectuer les Ă©changes Ă©conomiques les plus intĂ©ressants. MĂȘme si une fonctionnalitĂ© qu’il dĂ©sire peut lui ĂȘtre bĂ©nĂ©fique, et mĂȘme si d’autres pourraient la souhaiter s’ils la comprenaient mieux, si l’instanciation de cette fonctionnalitĂ© empĂȘche un consensus avec le rĂ©seau qui leur donne la plus grande capacitĂ© d’Ă©changes Ă©conomiques de valeur, ils peuvent en venir Ă  accepter un tel compromis.

La sĂ©curitĂ© du rĂ©seau ne repose donc pas sur le simple fonctionnement d’un nƓud, mais sur la vendabilitĂ©, ainsi dĂ©crite par Carl Menger. Plus il y a de personnes qui dĂ©cident de faire tourner leur nƓuds ou de s’interfacer avec des nƓuds soumis Ă  un ensemble donnĂ© de rĂšgles de rĂ©seau, plus le rĂ©seau gagne en capacitĂ© d’Ă©changes Ă©conomiques. À mesure que le rĂ©seau gagne en capacitĂ© d’Ă©changes Ă©conomiques, davantage de personnes choisissent de faire tourner leur nƓud ou de s’interfacer avec des nƓuds qui suivent ces rĂšgles. Cette boucle de rĂ©troaction continue Ă  renforcer les rĂšgles rĂ©pondant au mieux aux besoins du marchĂ©.

Cette vendabilitĂ© est signalĂ©e dans l’Ă©conomie par divers prix. L’un d’entre eux est le prix des unitĂ©s de bitcoin. Un rĂ©seau plus vendable sera plus demandĂ©, et les unitĂ©s de ce rĂ©seau particulier coĂ»teront donc plus cher. Empiriquement, nous constatons que les unitĂ©s prove nant d’un UTXO sur BTC se vendent plusieurs fois plus cher que les unitĂ©s provenant du mĂȘme UTXO sur n’importe lequel des autres forks. Un autre exemple est la difficultĂ© de hachage. Comme les unitĂ©s du « rĂ©seau » Bitcoin ont plus de valeur, les mineurs sont prĂȘts Ă  dĂ©ployer plus d’efforts de calcul pour tenter de gagner une rĂ©compense. A nouveau, empiriquement, on constate que la difficultĂ© pour rĂ©soudre la preuve de travail du BTC est de plusieurs ordres de grandeur supĂ©rieure Ă  celle de ses forks.

Ainsi s’érige, comme le dit StopAndDecrypt, « une forteresse de validation  impĂ©nĂ©trable». Plus l’activitĂ© Ă©conomique est rĂ©gie par un ensemble de rĂšgles, moins les transactions et les blocs en conflit avec ces derniĂšres peuvent pĂ©nĂ©trer le rĂ©seau, rejetĂ©s par les nƓuds avant mĂȘme d’ĂȘtre relayĂ©s vers d’autres nƓuds.16 A partir de choix individuels de milliers puis de millions d’acteurs, un seul rĂ©seau Bitcoin, un systĂšme de comptabilitĂ© hyper discriminatoire, Ă©merge comme le moyen et le protocole d’Ă©change couramment acceptĂ©. E pluribus unum.

Bitcoin n'est pas facultatif

Il n’y a pas de rĂ©seau bitcoin en dehors des nƓuds Bitcoin. Ceux qui ne gĂšrent pas leur propre nƓud complet utilisent le nƓud complet de quelqu’un d’autre. Lorsqu’une personne utilise le nƓud complet de quelqu’un d’autre, elle fait confiance aux dĂ©clarations de cette entitĂ© concernant le nƓud complet. La seule façon de savoir si vous interagissez avec Bitcoin comme vous l’imaginez est de faire tourner un nƓud complet.

Il suffit de dĂ©tenir des clĂ©s privĂ©es pour disposer d’une propriĂ©tĂ© individuelle, mais ce n’est qu’avec un nƓud que cet utilisateur peut avoir la certitude que les piĂšces existent rĂ©ellement. Ce n’est qu’Ă  travers une interface de nƓud qu’il peut savoir si les adresses associĂ©es Ă  ses clĂ©s ont reçu des UTXOs. Plus prĂ©cisĂ©ment, ce n’est que par une telle interface qu’ils sait que les adresses ont reçu des UTXOs sur le rĂ©seau qu’ils imaginent. Les clĂ©s dĂ©pendent d’un nƓud complet pour avoir la connaissance de leur relation avec le rĂ©seau.

La capacitĂ© de vendabilitĂ© qu’offre le bitcoin est inĂ©galĂ©e parmi toute les autres technologies monĂ©taires. Il n’y a pas de clĂ©s privĂ©es dignes de ce nom dans un systĂšme fiat, et il n’y a pas non plus d’audit significatif du rĂ©seau fiat. Tout acteur dĂ©sireux de bĂ©nĂ©ficier des garanties du bitcoin doit participer au rĂ©seau Bitcoin s’il souhaite se couvrir contre un ensemble donnĂ© d’incertitudes. Ce n’est qu’en dĂ©tenant les clĂ©s des bitcoins et en faisant fonctionner un nƓud Bitcoin complet que l’on peut opĂ©rer avec de rĂ©elles garanties de propriĂ©tĂ©, de raretĂ© et de rĂ©sistance Ă  la censure.17 C’est vrai pour le pauvre fermier du Salvador et c’est vrai aussi pour les individus et les institutions les plus riches du monde, y compris la RĂ©serve FĂ©dĂ©rale.

L'établissement d'un ordre mondial du Bitcoin

MĂȘme s’il peut sembler contradictoire qu’un État fondĂ© sur la monnaie fiat s’intĂ©resse au Bitcoin, l’application de l’individualisme mĂ©thodologique rĂ©vĂšle que l’État lui-mĂȘme est composĂ© d’individus, plutĂŽt que d’un grand monolithe. Les individus qui composent l’État ont toujours leurs propres intĂ©rĂȘts et besoins monĂ©taires. MĂȘme lĂ  oĂč Bitcoin serait susceptible de limiter le pouvoir de l’État, les individus pourraient eux-mĂȘmes en bĂ©nĂ©ficier, ce qui les rend moins enclins Ă  l’attaquer.18 Les États et les superpuissances eux-mĂȘmes demeurent dans un Ă©tat d’anarchie les uns vis-Ă -vis des autres.19 Ils peuvent toujours avoir besoin de commercer ou de rester compĂ©titifs avec d’autres nations. Les petites nations qui ne disposent pas elles-mĂȘmes du pouvoir d’imprimer de la monnaie, peuvent avec Bitcoin se procurer un avantage et une indĂ©pendance Ă  long terme, comme on l’a vu au Salvador. Partout oĂč le commerce et l’Ă©pargne font face Ă  des incertitudes, il est souhaitable de disposer d’un actif monĂ©taire qui puisse les couvrir. Ainsi, bien que les États puissent ressentir un antagonisme envers Bitcoin, nous constatons Ă©galement qu’ils ne sont pas omnipotents et qu’ils doivent, tout comme nous, naviguer dans une Ă©conomie changeante marquĂ©e par des avancĂ©es technologiques. Si Bitcoin peut effectivement devenir une monnaie de rĂ©serve mondiale, la RĂ©serve FĂ©dĂ©rale a tout autant besoin de son nƓud complet et de sa Coldcard qu’un « bitcoiner toxique lambda de la plĂšbe ».

Cela ne veut pas dire que tous les États du monde, des plus faibles aux plus dominants, vont se contenter de passer au bitcoin demain. Cela nous montre simplement qu’il y a plus en jeu dans la concurrence monĂ©taire que la seule force brute. S’agissant de la concurrence monĂ©taire, beaucoup de choses ont Ă©tĂ© Ă©crites ailleurs sur le potentiel Ă©conomique du bitcoin Ă  devenir une monnaie de rĂ©serve mondiale20, mais on a moins parlĂ© du potentiel de croissance idĂ©ologique du bitcoin.

Bitcoin rĂ©sout essentiellement trois problĂšmes de maniĂšre dĂ©centralisĂ©e : la propriĂ©tĂ© par le biais de la cryptographie Ă  clĂ© publique, la double dĂ©pense par le biais de l’horodatage par la preuve de travail et l’Ă©mission par le biais de l’ajustement de la difficultĂ© de la preuve de travail. Le systĂšme Ă©tant fondĂ© Ă  partir d’un raisonnement contradictoire extrĂȘme, toute attaque rĂ©ussie est considĂ©rĂ©e comme une faille fatale pour le systĂšme bitcoin. Ces problĂšmes, Ă  leur tour, ne sont que des sous-ensembles de problĂšmes plus importants : l’expropriation par l’État et la contrefaçon. Chaque fois que Bitcoin renforce ses dĂ©fenses face Ă  des versions mineures de ces problĂšmes, il met Ă©galement en place des dĂ©fenses contre les versions les plus odieuses de ces problĂšmes.

Tout attaquant, prĂ©sent ou futur, technique ou idĂ©ologique, se heurte Ă  un systĂšme qui a dĂ©jĂ  bĂąti ses mĂ©canismes de dĂ©fense contre lui. Toute attaque rĂ©ussie qui ne tue pas Bitcoin enseigne au reste du rĂ©seau comment mieux s’en prĂ©munir et se dĂ©fendre contre toute autre attaque de mĂȘme genre Ă  venir. Aucune puissance de hachage ne peut forcer l’insertion d’un bloc invalide sur le rĂ©seau. Ainsi, lorsque les partisans de SegWit2x ont menacĂ© de miner une chaĂźne de hard fork, davantage de bitcoiners ont compris l’importance de se fier Ă  leur propre nƓud, plutĂŽt qu’Ă  celui de quelqu’un d’autre.21 Lorsque des exchanges furent piratĂ©s et des plateformes de prĂȘt liquidĂ©es, davantage de bitcoiners ont pris conscience de l’importance de dĂ©tenir leurs propres clĂ©s. Ils l’ont fait par prudence Ă©conomique, pour accroĂźtre leur certitudes concernant leur argent, tout en contribuant Ă  renforcer la dĂ©fense contre des acteurs plus puissants souhaitant lancer des attaques similaires Ă  plus grande Ă©chelle.

Dans le mĂȘme temps, Bitcoin met Ă  notre disposition une technologie monĂ©taire d’une capacitĂ© et d’une vendabilitĂ© sans prĂ©cĂ©dents, permettant d’attĂ©nuer les incertitudes qui ont hantĂ© l’homme pendant des siĂšcles, et prĂ©sente des possibilitĂ©s qui le rendent encore plus adaptĂ© dans cette Ă©poque toujours plus connectĂ©e Ă  Internet. En outre, Ă©tant donnĂ© qu’il s’agit d’un pur logiciel, Bitcoin n’a cessĂ© de dĂ©velopper ses capacitĂ©s et promet de continuer Ă  le faire. Tout acteur Ă  la recherche d’une monnaie qui marche, c’est-Ă -dire tout personne agissant dans le cadre d’une division du travail dĂ©veloppĂ©e, a besoin du bitcoin. À mesure que l’adoption se poursuit, de plus en plus de personnes font confiance au rĂ©seau, ce qui encourage chaque participant Ă  considĂ©rer de plus en plus sĂ©rieusement l’ensemble des solutions disponibles via une participation auto-souveraine, ainsi que la correction de toute vulnĂ©rabilitĂ© potentielle Ă  de futures attaques.

Au final, quiconque a besoin d’argent est attirĂ© par Bitcoin, et quiconque est attirĂ© par Bitcoin est captivĂ© par la dĂ©fense de Bitcoin. Croissance Ă©conomique et volontĂ© de sĂ©curiser et de dĂ©fendre Bitcoin sont intimement liĂ©es. Dans un brillant essai intitulĂ© « The Will To Be Free : The Role of Ideology in National Defense » (La volontĂ© d’ĂȘtre libre : le rĂŽle de l’idĂ©ologie dans la dĂ©fense nationale), Jeffrey Rogers Hummel s’interroge sur la capacitĂ© d’une hypothĂ©tique sociĂ©tĂ© sans État Ă  se dĂ©fendre contre les attaques extĂ©rieures :

Par l’acte mĂȘme de renverser le gouvernement national (que ce soit pacifiquement ou par la force), les anciens sujets se seront forgĂ©s de puissants outils pour se protĂ©ger des gouvernements Ă©trangers. Le mĂȘme consensus social, les mĂȘmes institutions et les mĂȘmes impĂ©ratifs idĂ©ologiques qui leur auront permis de se libĂ©rer de leur propre État seront automatiquement en place pour se dĂ©fendre contre tout autre État qui tenterait d’occuper le vide laissĂ©.

À chaque Ă©tape de l’essor du Bitcoin, un nouvel ensemble d’individus doit mesurer les incertitudes auxquelles ils sont confrontĂ©s dans le monde, et se demander si Bitcoin peut rĂ©soudre leurs problĂšmes. Ainsi, mĂȘme si au dĂ©but ils n’acquiescent pas, tous doivent commencer Ă  discuter Ă  travers le prisme « bitcoin ou shitcoin ? » de tout changement Ă  l’état actuel des choses concernant la souverainetĂ© associĂ©e au Bitcoin qui requiert un nƓud complet et la dĂ©tention des clĂ©s privĂ©es. Bitcoin devient une fonction de forçage dans les discussions Ă©conomiques pures portant sur l’actif choisir Ă  des fins monĂ©taires.

Ceux qui pour une raison ou une autre en viennent Ă  choisir Bitcoin se retrouvent engagĂ©s sur un chemin qui, par nĂ©cessitĂ©, raffermit leur rĂ©solution Ă  maintenir Bitcoin exactement comme il est, ce qui, par nature mĂȘme correspond Ă  une position implicite ou explicite contre toute double dĂ©pense et contrefaçon. Ceux qui adoptent Bitcoin voient sur le long terme une apprĂ©ciation spectaculaire du pouvoir d’achat de leurs Ă©conomies. Ils augmentent leurs certitudes quant Ă  l’Ă©tat et la valeur de leur monnaie et de leur rĂ©seau monĂ©taire, quant Ă  l’accĂšs Ă  leurs fonds et la capacitĂ© de les liquider. Chaque nouvel essor signale un succĂšs qui assoit plus encore sa crĂ©dibilitĂ© pour les autres, et chaque croissance d’un ordre de grandeur Ă©met un signal Ă©gal voire supĂ©rieur de capacitĂ©. Partant d’un seul utilisateur, ce processus a donnĂ© naissance Ă  un rĂ©seau mondial avec des milliers de nƓuds, des centaines de milliards de dollars de valeur et des États-nations entiers. Au fil du temps, Ă  la question « bitcoin ou shitcoin ? » il n’y a qu’une seule rĂ©ponse.

Ayant jetĂ© les bases d’une solution aux problĂšmes de propriĂ©tĂ©, de double dĂ©pense et d’Ă©mission Ă  tous les niveaux d’attaque, le rĂ©seau Bitcoin devait devenir suffisamment fort Ă©conomiquement pour encourager les gens Ă  l’apprĂ©cier en tant que monnaie. Et la capacitĂ© mĂȘme de Bitcoin Ă  rĂ©sister suffisamment Ă  ces attaques pour devenir une monnaie de rĂ©serve mondiale a exigĂ© qu’assez de personnes dĂ©tiennent leurs clĂ©s et gĂšrent un nƓud complet pour prĂ©server un tel ordre.

Une stratégie Bitcoin pour la paix mondiale

AprĂšs avoir créé une nouvelle monnaie de rĂ©serve mondiale, fondĂ©e sur une technologie monĂ©taire de vendabilitĂ© supĂ©rieure Ă  tous les niveaux, l’humanitĂ© aura Ă©voluĂ© vers un systĂšme d’exploitation Ă©conomique fondamentalement meilleur. Les dĂ©ficiences de l’or auront Ă©tĂ© corrigĂ©es, et la facilitĂ© et les avantages de la monnaie fiat auront Ă©tĂ© adoptĂ©s sans avoir besoin de tiers de confiance. L’Ă©conomie se dĂ©veloppera plus rapidement, grĂące Ă  une division du travail plus importante et plus coopĂ©rative, qui pourrait mĂȘme ĂȘtre renforcĂ©e par de nouvelles innovations logicielles renforçant les capacitĂ©s technologiques du bitcoin.

Dans un tel monde Ă  venir, la dĂ©pendance Ă  l’Ă©gard du bitcoin augmentera nĂ©cessairement, ancrant les acteurs Ă©conomiques dans une culture faisant le nĂ©cessaire pour assurer la sĂ©curitĂ© du bitcoin.

Sans capacitĂ© de double dĂ©pense et de contrefaçon, le monopole de l’État sur la monnaie cessera d’exister, car personne n’aura de demande pour ses services. DĂ©pourvu de leur moyen de redistribution des richesses le plus rentable, on verra s’accroĂźtre la productivitĂ© dans une Ă©conomie dont les ressources seront moins siphonnĂ©es hors de portĂ©e des entreprises productives. Cette croissance sera multipliĂ©e car ces mĂȘmes ressources ne seront pas redistribuĂ©es vers des personnes et des institutions les employant pour gĂ©nĂ©rer un soutien idĂ©ologique Ă  la redistribution elle-mĂȘme. Les conquĂȘtes militaires seront limitĂ©es, car il faudra rĂ©gler plus directement les dĂ©penses de guerre, et l’impĂ©rialisme monĂ©taire n’aura plus de raison d’ĂȘtre, car aucun peuple ne sera prĂȘt Ă  adopter un shitcoin.

Ceux qui auparavant Ă©taient enclins Ă  financer leurs entreprises par la contrefaçon et l’inflation disposeront dĂ©sormais d’un mĂ©canisme alternatif pour guider leurs actions. Dans un contexte oĂč la capacitĂ© de production de l’Ă©conomie augmente Ă  un rythme plus Ă©levĂ©, l’augmentation du pouvoir d’achat de chaque unitĂ© de bitcoin impose Ă  chaque inflationniste en puissance de choisir entre conserver ses bitcoins ou se battre contre un systĂšme monĂ©taire qui ne peut pas perdre.

Depuis le genesis bloc de Bitcoin, l’humanitĂ© n’a plus besoin de se fier Ă  des tiers pour manier un outil aussi vital que la monnaie. Le peuple peut dĂ©sormais gĂ©rer ses propres nƓuds et dĂ©tenir ses propres clĂ©s, en maintenant une vigilance constante sur son argent et en l’utilisant comme bon lui semble. La rĂ©volution industrielle a libĂ©rĂ© l’humanitĂ© du piĂšge malthusien. Bitcoin, en mettant fin Ă  la contrefaçon une bonne fois pour toutes, nous libĂšre du piĂšge de la monnaie fiat.

Michael Goldstein
Octobre 2022

Notes

  1. “The Return to Sound Money” from The Theory of Money and Credit by Ludwig von Mises
  2. See “From the Malthusian Trap to the Industrial Revolution: An Explanation of Social Evolution” from The Great Fiction by Hans- Hermann Hoppe.
  3. See Capitalism by George Reisman, p. 621. Also see “Prices, Wages, and Labor” in The Church and the Market by Thomas E. Woods, Jr., and “How Capitalism Enriched the Working Class” in How Capitalism Saved America by Thomas J. DiLorenzo.
  4. “Slavery, Profitability, and the Market Process” by Mark Thornton
  5. For more on money as a hedge against future uncertainty, see “‘The Yield from Money Held’ Reconsidered” by Hans-Hermann Hoppe. For more on how the quality of a money affects its purchasing power, see “The Quality of Money” by Philipp Bagus.
  6. Also see On the Origins of Money by Carl Menger, and The Fiat Standard by Saifedean Ammous.
  7. “Banking, Nation States, and International Politics: A Sociological Reconstruction of the Present Economic Order” by Hans-Hermann Hoppe. See also “How is Fiat Money Possible?—or, The Devolution of Money and Credit” by Hoppe and “What Has Government Done to Our Money?” by Murray Rothbard.
  8. See “The gold standard” from Chemistry World for a look into the work it takes to figure out if gold bullion is really made of gold.
  9. See “How Central Banking Increased Inequality” by Louis Rouanet.
  10. Posted on Bitcointalk on November 25, 2010
  11. See “Bitcoin is Worse is Better” by Gwern Branwen.
  12. A pruned node can discard data that has already been verified and is not needed for further verification, but archival nodes retain entire copies of the blockchain for permanent record keeping.
  13. For a more detailed breakdown of validating transactions and blocks, see “Protocol Rules” on the Bitcoin Wiki.
  14. See “Proof That Proof-of-Work is the Only Solution to the Byzantine Generals’ Problem” by Oleg Andreev. Note that additional connections to the bitcoin network would be advantageous in preventing certain kinds of attacks.
  15. “The Principle of Methodological Individualism” in Human Action by Ludwig von Mises
  16. “Bitcoin Miners Beware: Invalid Blocks Need Not Apply” by StopAndDecrypt
  17. See Pieter Wuille on the importance of running and using your own full node: https://www.reddit.com/r/BitcoinBeginners/comments/3eq3y7/comment/ctk4lnd/
  18. See “Bitcoin’s Shroud of Subtlety and Allure” by Daniel Krawisz.
  19. See “Do We Ever Really Get Out of Anarchy?” by Alfred G. Cuzán.
  20. See “The SNI Mempool Crash Course in Political Economy”, The Bitcoin Standard by Saifedean Ammous, and “The Bullish Cash for Bitcoin” by Vijay Boyapati.
  21. See The Blocksize War by Jonathan Bier.
  22. Republished in The Myth of National Defense: Essays on the Theory and History of Security Production edited by Hans-Hermann Hoppe. See mises.org or nakamotoinstitute.org for more

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