Anil
Educateur Bitcoin – Concepteur d’outils pédagogiques, auteur
Twitter : @anilsaidso
Article publié dans Bitcoin Magazine le 8 janvier 2021.
La presse à imprimer de Gutenberg et le protocole Bitcoin de Nakamoto nous ont tous deux apporté de nouvelles méthodes pour assurer la transmission libre, sans permission, de l’information.
COMMENT LES INNOVATIONS QUI LIBÈRENT L’INFORMATION FAÇONNENT LA SOCIÉTÉ
Voici l’histoire de deux innovations disruptives, perturbatrices, qui se sont produites à plusieurs siècles d’intervalle et qui présentent des similitudes remarquables. Il y est question de forces technologiques insoupçonnables qui viennent modifier les incitations à l’obéissance et dirigent l’évolution de l’organisation des sociétés.
MÉFIANCE À L'ÉGARD DES INSTITUTIONS
La confiance est cet ingrédient clé qui nous permet de coopérer et de commercer. Plus notre accès à l’information est grand, plus notre capacité à évaluer la réputation et donc juger la fiabilité augmente. Lorsqu’un moyen permet d’établir plus facilement cette confiance en vérifiant la vérité, ceux qui jusqu’alors ont tiré le plus grand bénéfice de l’opacité qui prévalait en sont souvent les premiers détracteurs et les plus bruyants.
Faire des promesses dont on sait qu’elles échappent à notre pouvoir ou à notre contrôle est un moyen certain de dégrader la confiance en son endroit. C’est pourquoi les grandes institutions qui pour leur survie dépendent d’un large public font des promesses difficiles à mesurer et dans des délais mal définis. De telles promesses s’accompagnent souvent d’une restriction active de l’accès aux informations requises pour conduire leur évaluation.
Il est question ici d’une histoire d’innovation et d’institutions qui détiennent un pouvoir de gardien des flux d’informations.
LA GRANDE FAMINE ET LA PESTE NOIRE
L’innovation par définition doit être utile à la société. Il n’est donc pas surprenant qu’elle jaillisse et éclate au grand jour au moment-même où elle est demandée. Au Moyen Âge, l’Europe occidentale était sous le contrôle de l’Église catholique romaine – la principale institution jugée responsable du bien-être de la population. Elle jouissait d’un niveau d’influence et d’une autorité morale incontestés. Deux événements cruciaux cependant vont conduire les gens à remettre en question ce qui semblait constituer un degré de dévotion inébranlable.
La famine frappe l’Europe entre 1315 et 1322, réduisant d’environ 10 à 25 % la population des villes. Le mauvais temps cause des inondations qui affectent les récoltes, conduisant à la famine du bétail enclenchant une spirale destructrice.
Vingt-cinq ans plus tard ce sont des puces transmises par les rats embarqués à bord de navires européens de retour d’Asie qui sont à l’origine de la pandémie la plus meurtrière de l’histoire de l’humanité. La peste noire (1346 à 1353) fait 75 à 200 millions de victimes.
Cette hécatombe altère fondamentalement les structures de pouvoir entre propriétaires terriens et ouvriers/travailleurs.
« Les citoyens de Tournai enterrent les victimes de la peste noire », Pierart dou Tielt, 1340 à 1360.
LA CRISE FINANCIÈRE MONDIALE ET LE COVID-19
Aujourd’hui, ce sont d’une part la crise financière mondiale de 2007 et 2008 (et les renflouements qui l’ont suivi, inscrits dans le « Genesis bloc » de Bitcoin) et d’autre part la réponse bâclée des organismes mondiaux et des gouvernements à la pandémie du COVID-19 qui ont fragilisé le contrat social avec les citoyens contribuables. Des structures d’incitations désordonnées ont créé un aléa moral, une absence de prise de responsabilité, parmi les représentants élus et les banquiers centraux non élus.
En soutenant mordicus face à une personne que son coût de la vie n’a pas augmenté et que sa qualité de vie ne s’est pas dégradée alors que cela contredit totalement l’expérience vécue par cette personne on manifeste en fait soit son ignorance, soit sa malveillance, soit les deux. La distribution inégale de l’inflation consécutive à une dévaluation sans précédent de la monnaie ne peut plus être dissimulée dans un monde où nous avons chacun en poche accès à toutes les données de marché imaginables.
« La tendance vers encore plus d’inégalités de richesses, plus de polarisation et plus de conflits sociaux représente une menace majeure pour notre avenir collectif. Et la cause de tout cela est la même : l’adhésion à un système économique conçu pour une autre époque. » – Jeff Booth, « Le prix de demain ».
UN LOURD IMPÔT QUI N'EST PLUS TOLÉRÉ
Une autorité qui dépend de la collecte des impôts a besoin d’une population captive et docile. Pour cela, quelques conditions doivent être réunies : une juridiction clairement définie et surveillée avec en son sein des incitations à produire de la richesse, et des éléments dissuasifs/des barrières pour empêcher à une masse critique de la population de quitter la juridiction avec ses richesses ou ses connaissances spécialisées.
Ce que Johannes Gutenberg et Satoshi Nakamoto nous ont apporté, ce sont de nouvelles méthodes pour transporter l’information à travers le temps et l’espace, sans permission, en dehors du champ d’action de l’establishment. Cela vient contester, remettre en question les monopoles de surveillance qui dépendent de l’impôt et cela les incite à agir honnêtement et à fournir un service de qualité si ils veulent conserver leur clientèle.
À PROPOS DE L'INNOVATION
Les changements de paradigme résultent plus souvent de forces du marché qui se développent à la faveur d’innovations que de décrets venus d’en haut. Pour qu’une innovation soit adoptée, il faut qu’elle soit a) facile à reproduire une fois découverte et b) sans permission (de sorte qu’elle puisse être bricolée, améliorée à la marge).
Pour Gutenberg, l’invention de l’imprimerie a été possible grâce à une poignée d’inventions existantes : la fabrication du papier à partir de pâte à papier, le moulage des métaux et le pressoir à vin. Les propres compétences de Gutenberg, ses connaissances et ses expériences (en tant qu’intellectuel, ingénieur et marchand) expliquent probablement aussi pourquoi il fut si bien placé pour entrevoir cette opportunité d’innover et la saisir.
En outre, au moment où la presse à imprimer a vu le jour, l’utilisation des lunettes de vue était déjà largement répandue offrant à une population beaucoup plus importante la possibilité de lire, et de surcroit avec un grossissement. Gutenberg a ainsi pu diminuer la taille du texte, réduisant ainsi le nombre de pages nécessaires pour un livre.
On peut dresser ici des parallèles avec la façon dont Nakamoto a conçu le protocole Bitcoin, bien conscient qu’il était du fait que la tendance à la baisse des coûts de stockage de données se poursuivrait au fil du temps, permettant d’étendre le groupe de participants en capacité d’opérer un nœud.
« Dans cette invention de monnaie numérique utilisée avec succès dans le monde réel, le génie de Bitcoin ne réside pas dans la création de nouvelles mathématiques abstruses ou dans une percée dans le domaine de la cryptographie, mais bien dans un type d’assemblage à moitié innovant et très impopulaire d’éléments âgés de plusieurs décennies. » – Gwern Branwen, « Bitcoin est le pire est mieux »
L’une des caractéristiques phares à la fois de Bitcoin et de l’imprimerie est qu’il s’agit dans les deux cas d’innovations dites muettes : elles ne peuvent pas faire la distinction entre le contenu créé et communiqué.
« Le réseau muet devient une plateforme pour l’innovation indépendante qui est conduite à la périphérie du réseau, sans autorisation. Le résultat est un incroyable éventail d’innovations réalisées à un rythme encore plus incroyable. » – Andreas M. Antonopoulos, « Pourquoi les réseaux muets sont meilleurs ».
MONOPOLES DE LA CONNAISSANCE
Désormais, les livres se faisant plus accessibles et plus abordables, les individus lisait eux-mêmes des textes écrits, qui leur donnaient matière à réflexion et suscitaient leur critiques. C’était une méritocratie des idées. La « vérité » n’était plus uniquement confiée aux masses analphabètes par les membres ordonnés à l’intérieur des églises.
Des presses et des imprimeries font leur apparition sur tout le continent et, à l’instar de la propagation de la peste noire, livres et textes imprimés en série se répandent avec virulence en Europe et dans le monde entier. C’est le début de la communication de masse et la fin du monopole de l’Église sur le savoir, y compris sur l’interprétation des textes religieux.
La forte augmentation du taux d’alphabétisation en Europe consécutive à la baisse du coût des livres conduit à la remise en question de l’élite lettrée. Cette évolution favorise l’émergence d’une classe moyenne.
Revenons-en à aujourd’hui : l’éducation financière à l’échelle mondiale est la prochaine étape majeure à franchir pour libérer le potentiel humain et l’innovation. À l’instar de l’alphabétisation au Moyen Âge, la culture financière demeure encore aujourd’hui un privilège réservé aux riches et à l’élite. Et de même que l’accès facilité aux livres a fait croitre le taux d’alphabétisation, on peut supposer que la culture financière se développera dès lors que la population aura accès à une monnaie saine.
PROTOCOLES DE COMMUNICATION
Chaque jour, nous utilisons des protocoles pour transmettre des données entre nous et avec des machines : les protocoles SMTP pour le courrier électronique, TCP/IP pour internet, la langue des signes américaine, etc. Les protocoles qui s’imposent sont adoptés parce qu’ils offrent à leurs utilisateurs de plus grands moyens d’expression, une meilleure fidélité, une plus grande efficacité à plus grande d’échelle dans leur capacité à communiquer.
La presse de Gutenberg a normalisé le processus de conditionnement et de transmission de l’information par la production en masse de livres et de brochures. Auparavant, ce processus était réalisé à la main par des moines qualifiés. Le système de caractères métalliques mobiles de la presse a augmenté la vitesse de production des livres et réduit son coût, permettant la diffusion d’informations à grande échelle.
Bitcoin a, tout simplement, transformé l’argent en données. En normalisant la structure des transactions et en réduisant considérablement les coûts de vérification de celles-ci, on peut désormais effectuer des transactions de pair-à-pair et sur de grandes distances.
Sources : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Gutenberg_bible.jpg et http://www.righto.com/2014/02/bitcoin-mining-hard-way-algorithms.html
Les protocoles ouverts comme Bitcoin permettent des transactions pseudonymes – une extension des identités numériques pseudonymes qui sont déjà monnaie courante. Dans la pratique, il est très difficile et coûteux de lutter contre ce phénomène. Depuis des siècles, les auteurs publient sous pseudonymes afin que leurs travaux puissent être évalués pour leurs propres mérites et non pas en fonction d’idées préconçues du lecteur. Cela donne une voix aux personnes sous-représentées et confère une protection aux plus vulnérables. Bien sûr, il est possible d’abuser de ce pseudonymat mais il faut en peser les avantages.
LOIS DE PUISSANCE
Dans les sociétés interconnectées, postérieures à l’ère des chasseurs-cueilleurs, les langues suivent des lois mathématiques de puissance simplement parce qu’ainsi cela accroit les possibilités de collaboration et de commerce. En d’autres termes nous avons tendance à converger vers l’utilisation de quelques langues communes (par ex l’anglais, l’espagnol, l’hindi, ou le mandarin) qui constituent comme des points focaux, aussi appelés points de Schelling. Et sur la courbe de puissance les nombreux dialectes locaux forment comme une longue queue. L’argent, qui comme nous l’avons établi est également une langue (permettant de communiquer la valeur) suit une distribution similaire. Avec l’avènement d’une monnaie sans frontières accessible à tous à l’échelle mondiale, ce langage de la valeur n’est plus confiné à une population locale et l’évolution naturelle de la monnaie comme phénomène de type « le gagnant remporte toute la mise » peut suivre son cours.
Vous pouvez protester qu’un gouvernement ne cédera pas son pouvoir, surtout s’il s’agit du contrôle de la production de la monnaie. C’est tout aussi ridicule que d’imaginer qu’une autorité morale dominante ne céderait jamais son pouvoir sur la production et la diffusion de l’information. La presse à imprimer nous livre une leçon sur la tournure que peuvent prendre les évènements. Les technologies qui menacent les structures de pouvoir en place sont souvent la cible de campagnes de désinformation et autres propagandes basées sur la peur en provenance des autorités en place ou des « citoyens inquiets ».
LA CONNAISSANCE EST UN POUVOIR
L’imprimerie, progressivement d’abord puis soudainement (cela vous dit quelque chose, n’est-ce-pas ?), a affaibli le pouvoir de l’église, démocratisant l’accès aux savoirs documentés de l’humanité.
« Lorsque l’Église a cherché à supprimer la presse à imprimer, la plupart des nouveaux volumes ont été publiés dans les régions d’Europe où le pouvoir de l’autorité établie était le plus faible. On a sans doute là une belle analogie avec les tentatives de suppression de la technologie d’encryptage par le gouvernement américain actuel. L’Église a pu constater que la censure ne supprimait en rien la diffusion de la technologie subversive ; elle garantissait juste son utilisation la plus subversive possible ». – Rees-Mogg et Davidson, The Sovereign Individual.
La presse à imprimer était conçue de telle sorte qu’elle pouvait être reproduite à l’aide de matériaux ordinaires. Cela signifie que des villes pouvaient s’en doter, tout comme des groupes de personnes suffisamment nombreux, riches et motivés. C’était la démocratisation de l’édition. Et cela a également fourni un bouclier protecteur à ceux qui publiaient sous pseudonyme.
La recherche scientifique, une activité jusqu’alors solitaire en raison du défi que représentait la publication manuscrite et de l’impossibilité d’atteindre un public important, a connu une forte accélération au cours des siècles suivants.
La société était désormais plus libre mais elle évoluait dans un territoire inexploré pour lequel il n’existait aucun précédent. Bien que la presse à imprimer constitue en soi une technologie neutre, le pouvoir de diffuser des informations de tout acabit était désormais à la disposition de quiconque pouvait payer pour l’obtenir. Les humains devaient apprendre à naviguer dans ce nouveau paradigme, révisant les modèles à travers lesquels ils se représentaient l’ordre du monde et mettant à jour le processus par lequel ils faisaient confiance.
LE NOUVEAU PARADIGME
Le protocole Bitcoin est la presse à imprimer des temps modernes. Il démocratise l’accès à une monnaie saine de la même manière que l’innovation de Gutenberg a démocratisé l’accès au savoir. Un recâblage des esprits aux principes économiques de base, à la fois observables et quantifiables, a commencé. En offrant une sortie du système monétaire national à tout individu résident d’une juridiction protégeant la liberté d’expression. Et ceux qui ne jouissent pas d’une telle protection de leur liberté d’expression dispose d’un moyen de contourner leur oppresseur puisque la richesse/la valeur est maintenant indiscernable de toute autre chaîne de données cryptées.
La Réserve Fédérale américaine qui fixe le prix de l’argent dispose d’une emprise majeure sur les comportements et les perspectives de la société : c’est notre Église catholique romaine des temps modernes. Qui diffuse le même genre de folklore en scandant : « une inflation modérée est bonne et nécessaire », « les dépenses créent la richesse » et « la croissance du PIB doit être vénérée comme Dieu ».
CHANGEMENT D'ÈRE
Une innovation de zéro-à-un ne peut être annulée : aucun moyen de faire rentrer le génie dans la bouteille. Pour le meilleur ou pour le pire, la structure de la société s’en trouve modifiée à jamais. Et malgré les conséquences négatives initiales imprévues de la technologie de l’imprimerie, rares sont ceux qui souhaiteraient aujourd’hui renoncer à tous les avantages qui en ont découlés et dont l’homme a bénéficié ces 500 dernières années.
En 1620, Francis Bacon, co-créateur de la méthode scientifique, écrivait que l’imprimerie, la poudre à canon et la boussole sont les inventions qui ont changé le monde à jamais.
« À la fin du Moyen Âge, l’Église monolithique était devenue une institution sénile et contre-productive, [devenant] un frein majeur à la productivité. Les fardeaux qu’elle imposait à la population faisaient régresser son niveau de vie. » – Rees-Mogg et Davidson, The Sovereign Individual.
Cependant, toutes les juridictions ne progressent pas au même rythme. Les régions qui en raison de de leur situation géographique et de leurs systèmes de gouvernance parviennent à empêcher et à décourager l’utilisation de technologies qui libèrent l’information se retrouvent progressivement à la traîne. Cela a un impact profondément négatif pour la société ainsi privée des nouvelles méthodes d’expression et des progrès scientifiques qui en découlent.
Tout comme la presse à imprimer a marqué le début de la Renaissance, Bitcoin est l’une des technologies fondamentales de l’ère de l’information. En encourageant le développement de la technologie des puces électroniques (ASIC) et la production comme la valorisation d’énergie à moindre coût (conformément au paradoxe de Jevons[1]), Bitcoin mène la charge dans ce mouvement de progrès technologique.
CONCLUSION
À nouveau, les frontières juridictionnelles sont plus perméables aux flux d’informations. Mais cette fois-ci, les sociétés ont la capacité d’échanger de la valeur sans permission. Et s’il y a une leçon concrète à tirer de cet essai, la voici : l’information trouve toujours un chemin.
Les conséquences de ce phénomène ne peuvent être sous-estimées et devraient être célébrées, car elles ne peuvent que nuire aux formes d’autorité dont le pouvoir provient uniquement de la restriction du flux d’informations et de la manipulation des signaux de prix.
Lorsqu’une telle autorité réagit en tentant d’empêcher l’adoption de technologies libérant l’information (ce qui n’est possible que temporairement), son peuple et sa juridiction en pâtissent à long terme. Les personnes qualifiées qui peuvent partir trouveront un moyen de le faire et le capital qui peut fuir finit par aller là où il est le mieux traité.
Notes
[1] Le paradoxe de Jevons énonce qu’à mesure que les améliorations technologiques augmentent l’efficacité avec laquelle une ressource est employée, la consommation totale de cette ressource peut augmenter au lieu de diminuer. En particulier, ce paradoxe implique que l’introduction de technologies plus efficaces en matière d’énergie peut, dans l’agrégat, augmenter la consommation totale de l’énergie. (Wikipédia)
Références
- « Comment fonctionne l’innovation : Et pourquoi elle s’épanouit en liberté », Matt Ridley, 2020
- « Les années de grand saut de Stephen Fry » , S1 E2 : Un pacte faustien, Stephen Fry, 2018.
- « L’Internet de l’argent » : Vol. 1, Andreas M. Antonopoulos, 2016
- « L’individu souverain », James Dale Davidson et Lord William Rees-Mogg, 1999
- « Le prix de demain », Jeff Booth, 2020
- « Bitcoin Is Worse Is Better », Gwern Branwen, 2011
- « Decentralization : Why Dumb Networks Are Better, » Andreas M. Antonopoulos, 2015