Saifedean Ammous, Économiste,
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Auteur de l’Étalon Fiat et de l’Étalon Bitcoin
Ce texte est extrait de L’Étalon-Fiat, ouvrage désormais très populaire parmi les bitcoiners (disponible notamment ici) et suite logique du best-seller mondial L’Étalon-Bitcoin.
Ouvrage original : Saifedean Ammous, The Fiat Standard: The debt slavery alternative to human civilization
Traduction : Gary Sablon, Catherine Charbonneau, Henry J.K.I. Young, Edouard Gallego, Morgan Taglang, Laurent Waisman, David St-Onge, Konsensus Network.
NB: les illustrations et autres médias présentés sur cette page ne figurent pas dans le texte original.
aliments fiat
L’industrialisation a permis d’utiliser des plantes pour produire en masse des substances que l’homme n’avait jamais digérées auparavant. Mais ce n’est pas parce qu’une chose peut être produite qu’elle doit être consommée. Cependant, comme ces aliments sont bon marché, il y aura toujours une forte incitation financière pour convaincre de grands groupes de personnes de les manger. Les produits qui ont le plus de succès sont très appétissants et créent une dépendance. Ces produits industriels toxiques ont été imposés au monde entier par un siècle de propagande intensive et de politique gouvernementale, le tout financé par de la monnaie fiat.
1. Huiles « végétales » et de graines polyinsaturées et hydrogénées
Il y a un siècle, la majorité des graisses consommées par les humains étaient des graisses animales saines comme le beurre, le suif, le ghee, le saindoux et le schmaltz. Aujourd’hui, la plupart des graisses consommées se présentent sous la forme de produits chimiques industriels toxiques et fortement transformés, appelés de manière trompeuse « huiles végétales ». Il s’agit principalement du soja, du colza, du tournesol et du maïs, ainsi que de l’abomination qu’est la margarine. Le changement de régime alimentaire qui entraînerait probablement la plus grande amélioration de la santé d’une personne, avec le moins d’effort possible, serait de remplacer ces horribles produits chimiques industriels par des graisses animales saines.
La plupart de ces produits chimiques n’existaient pas il y a 100 ans, et ceux qui existaient étaient principalement utilisés à des fins industrielles, en tant que lubrifiants par exemple. Au fur et à mesure que l’industrialisation s’étendait et que le gouvernement entretenait l’hystérie contre les graisses animales, ces produits toxiques ont été promus dans le monde entier par les gouvernements, les médecins, les nutritionnistes et leurs sponsors comme l’alternative saine. La propagation de ces substances dégoûtantes à travers le monde, remplaçant toutes les graisses traditionnelles utilisées depuis des millénaires, est un témoignage stupéfiant du pouvoir de la propagande gouvernementale qui se cache sous le vernis de la science. La regrettée Dr Mary Enig, de la Weston Price Foundation, a beaucoup écrit sur les différents types de graisses et leur impact sur la santé.
2. Le maïs transformé
Dans les années 1970, la politique gouvernementale a poussé à la production de masse de maïs et a utilisé son pouvoir afin de rendre son prix très bon marché. En conséquence, les agriculteurs américains disposaient d’un important surplus de récolte de maïs. Cette abondance de maïs bon marché a conduit au développement de nombreuses méthodes créatives pour l’utiliser afin de profiter de son faible prix. La surproduction de maïs est devenue si excessive que ses produits dérivés, de qualité inférieure, sont maintenant utilisés là où d’autres substances seraient plus saines ou plus efficaces. Les édulcorants, l’essence, l’alimentation des vaches et d’innombrables processus industriels utilisent tous du maïs fortement subventionné pour son caractère bon marché, alors que des alternatives bien supérieures existent.
L’une des utilisations les plus nocives du maïs est la production de sirop de maïs à haute teneur en fructose (HFCS: high fructose corn syrup), qui a remplacé le sucre comme édulcorant aux États-Unis en raison de son faible coût comparé au sucre, importé et subissant d’importants droits de douane. En 1983, la FDA a accordé à cette nouvelle substance la classification « Généralement reconnu comme sans danger » et les vannes de la production se sont ouvertes dans des proportions incroyables. Depuis, les bonbons, les aliments transformés et les boissons gazeuses américains sont presque systématiquement bourrés de HFCS, qui est sans doute encore plus nocif que le sucre ordinaire en sus d’être bien moins appétissant ou désirable.
Si vous vous êtes déjà demandé pourquoi les bonbons et les boissons gazeuses ont bien meilleur goût partout ailleurs qu’aux États-Unis, vous savez maintenant pourquoi : le reste du monde utilise du sucre tandis que les États-Unis utilisent ce dérivé du maïs. Ainsi, les citoyens américains et leurs voitures consomment en masse le maïs qui épuise leurs sols, dégrade leurs moteurs et détruit leur santé. L’obésité, la résistance à l’insuline, le diabète, les dommages au foie et bien plus encore sont les conséquences de cette consommation.
2. Le soja
Historiquement, le soja n’était pas une denrée comestible ; il était utilisé pour fixer l’azote dans le sol. Les Chinois ont d’abord compris comment le rendre comestible grâce à sa fermentation intensive dans des produits comme le tempeh, le natto et la sauce soja. Les famines et la pauvreté ont ensuite contraint les populations asiatiques à consommer davantage de soja et de produits à base de soja. De nos jours, les produits à base de soja proviennent de la lécithine de soja. Les plus sensibles voudront peut-être sauter cette section, mais voici comment la Weston Price Foundation décrit le processus de préparation de cette abomination :
La lécithine de soja provient des résidus du processus de « dégommage » de l’huile de soja brute. Il s’agit d’un déchet qui contient des solvants et des pesticides et dont la consistance varie d’un fluide gommeux à un solide plastique. Avant d’être blanchie pour obtenir un jaune clair plus attrayant, la couleur de la lécithine varie d’un brun sale à un brun rougeâtre. Le processus d’extraction à l’hexane couramment utilisé aujourd’hui dans la fabrication de l’huile de soja produit moins de lécithine que l’ancien processus à l’éthanol et au benzol, mais produit une lécithine plus commercialisable, avec une meilleure couleur, une odeur moins forte et une saveur moins amère.
L’historien William Shurtleff rapporte que l’expansion des industries du broyage du soja et du raffinage de l’huile de soja en Europe après 1908 a entraîné un problème d’élimination des quantités croissantes de boues fermentées et malodorantes. Des entreprises allemandes ont alors décidé de sécher sous vide ces résidus, de breveter le procédé et de le vendre sous le nom de « lécithine de soja ». Les scientifiques engagés pour trouver un usage à cette substance ont concocté plus de mille nouvelles utilisations avant 1939.
Si le soja peut être utilisé à de nombreuses fins dans l’industrie, son utilisation dans l’alimentation a été un véritable désastre, comme le démontre l’article ci-dessus. Cependant, les preuves accablantes attestant de la nature destructrice des aliments à base de soja ne font pas le poids face au raisonnement motivé des groupes d’intérêts spécifiques, qui se sont emparés des organismes de réglementation gouvernementaux. Les directives diététiques approuvées par le gouvernement continuent de promouvoir cette matière végétale toxique comme substitut de viande.
4. Les aliments à faible teneur en matières grasses
La croyance insensée selon laquelle les graisses animales sont nocives a donné lieu à la création de nombreux substituts aux aliments gras qui contiennent peu ou pas de matières grasses. Sans la délicieuse graisse animale, ces produits deviennent tous insipides et peu appétissants. Les producteurs industriels ont rapidement découvert que la meilleure façon de les rendre appétissants était d’introduire des sucres. Les personnes qui essaient d’éviter les graisses animales en raison des recommandations nutritionnelles ont plus souvent faim. Ils doivent se gaver de doses infinies de collations sucrées toute la journée, de la malbouffe qui contient beaucoup de produits chimiques et de composés artificiels, à peine comestibles (ou prononçables).
À mesure que la consommation de graisses animales a diminué, la consommation d’édulcorants, en particulier de HFCS, a augmenté comme substitut de goût. Mais la nature addictive de ces substituts signifie que les personnes privées de graisses animales saines et rassasiantes finissent par avoir constamment faim et sont plus susceptibles d’avoir recours à la consommation de grandes quantités de produits de substitution industriels bon marché.
La popularisation du lait écrémé sans graisse a été l’une des batailles les plus destructrices de la croisade contre les graisses saturées. Au début du XXe siècle, les agriculteurs américains utilisaient les restes de la production de beurre pour engraisser leurs cochons, combinés avec du maïs, car il s’agit du moyen le plus rapide d’engraisser un porc. Par la magie de la méthode scientifique fiat, le maïs avec du lait écrémé a fini par devenir le petit déjeuner humain recommandé, promu et subventionné par les autorités fiat, avec le même résultat engraissant. John Kellogg, un autre fervent adventiste du septième jour et disciple d’Ellen White, considérait le sexe et la masturbation comme des péchés, et son idée d’un régime alimentaire idéal était un régime qui affaiblirait la libido humaine. Il a incroyablement bien réussi à commercialiser son petit déjeuner préféré auprès de milliards de personnes dans le monde.
5. Farine et sucre raffinés
La farine complète et les sucres naturels sont consommés depuis des milliers d’années. La farine complète, produite à partir du grain entier, contient le germe et le son, qui renferment tous les nutriments du blé. Comme l’a documenté Weston Price, il existait des rituels élaborés pour préparer le blé complet et celui-ci était consommé avec beaucoup de graisse animale. L’industrialisation a radicalement changé les habitudes de consommation de ces deux substances, les transformant en drogues hautement addictives. Goldkeim, producteur de farine complète, explique :
Un problème important survenu au cours de la révolution industrielle était la conservation de la farine. Les distances de transport et un système de distribution relativement lent se heurtaient à la durée de conservation naturelle. La raison de cette durée de conservation limitée réside dans les acides gras du germe, qui réagissent dès qu’ils sont exposés à l’oxygène. Cela se produit lorsque le grain est moulu ; les acides gras s’oxydent et la farine commence à rancir.
Selon le climat et la qualité du grain, ce processus prend de six à neuf mois. À la fin du XIXe siècle, ce processus était trop court pour un cycle de production et de distribution industriel. Les vitamines, les micronutriments et les acides aminés étant totalement ou relativement inconnus à la fin du XIXe siècle, l’élimination du germe était une solution efficace. Sans le germe, la farine ne peut pas rancir.
La farine dégermée devint la norme. Le dégermage a commencé dans les zones densément peuplées et a mis environ une génération pour atteindre les campagnes. La farine traitée par la chaleur est une farine où le germe est d’abord séparé de l’endosperme et du son, puis traité à la vapeur, à la chaleur sèche ou aux micro-ondes et mélangé à nouveau en farine.
En d’autres termes, l’industrialisation a résolu le problème de la farine périssable, en lui retirant ses composantes nutritives. Le sucre, quant à lui, existait naturellement dans de nombreux aliments. Sous sa forme pure, cependant, le sucre était rare et cher, car sa transformation nécessitait de grandes quantités d’énergie, et sa production était presque toujours effectuée par des esclaves, car peu de gens acceptaient de faire ce travail épuisant de leur plein gré. Lorsque l’industrialisation et l’accumulation du capital ont permis de remplacer le travail des esclaves par des machines, les gens ont pu produire du sucre sous une forme blanche et pure, sans la mélasse et les nutriments qui l’accompagnent, et à un coût bien moindre.
Le sucre et la farine raffinés sont davantage des drogues que des aliments. Le sucre ne contient aucun nutriment essentiel, et la farine n’en contient que très peu. Le plaisir de les consommer s’apparente à celui que l’on éprouve après avoir consommé une substance addictive. Dans Bright Line Eating, Susan Thompson explique comment le processus de raffinage du sucre et de la farine est similaire au processus de raffinage qui a rendu la cocaïne et l’héroïne si fortement addictives. Si le fait de mâcher des feuilles de coca ou de manger du pavot fait planer et donne de l’énergie, il est loin d’être aussi addictif que la consommation de cocaïne ou d’héroïne raffinée. De nombreuses civilisations ont consommé ces plantes pendant des milliers d’années avec des effets indésirables bien moins graves que les dommages subis par leurs descendants, à cause du raffinement et de la transformation moderne.
La transformation industrielle de ces plantes sous leur forme moderne de drogue très puissante les a rendues extrêmement addictives. Elle permet à ceux qui les consomment d’ingérer de grandes quantités de l’essence pure de la plante, sans le reste de la matière végétale qui l’accompagne. L’euphorie est intensifiée, tout comme le manque qui s’ensuit et l’envie d’en reprendre. Thompson démontre de manière convaincante que le traitement de ces drogues est très similaire à celui du sucre et de la farine en ce qui concerne la dépendance qu’il crée, citant des études qui révèlent que le sucre est huit fois plus addictif que la cocaïne.
Le sucre : un plaisir irremplaçable (Qualité Sucre, 1988)