Le quatrième tournant
The Fourth Turning (le Quatrième tournant) traite d’histoire, de science politique, de sociologie, de démographie et de philosophie. Ses auteurs Neil Howe et William Strauss soutiennent que l’histoire se déroule selon un cycle précis et prévisible qu’ils mettent en évidence dans l’histoire américaine. Il s’agit d’un cycle générationnel récurrent, dont le motif est également observable dans d’autres régions du monde où il se manifeste de façon de plus en plus synchrone du fait de la mondialisation.
Chaque cycle dure un saeculum, soit 80-100 ans ou environ la durée d’une vie. Un saeculum comprend quatre saisons (tournants), chacune caractérisée par un profond changement de l’humeur et de la culture nationale. La séquence est la suivante :
- Ivresse (High)
- Éveil (Awakening)
- Dénouement (Unravelling)
- Crise (Crisis)
Le 1er tournant est une « ivresse » (High), une ère post-crise où l’optimisme ambiant est associé à un degré élevé de conformisme et de confiance dans les institutions. L’individualisme est en déclin. La phase d’ivresse la plus récente est l’apogée américaine, après la 2nde Guerre mondiale.
Le 2nd tournant est un « éveil » (Awakening), période de bouleversement spirituel en réaction à un régime de valeur contesté. Un sentiment de rébellion se développe. Le dernier éveil correspond à la période de la « révolution de la conscience » (1964-1984).
Le 3ème tournant est un « dénouement » ou une décomposition (Unravelling) de la société. Les institutions suscitent de plus en plus de méfiance et l’individualisme s’y renforce.
Le 4ème tournant est une « crise » qui conduit à la destruction de l’ordre ancien et à l’émergence d’un nouvel ordre durant le sommet du saeculum suivant.
Cette dynamique complexe peut se résumer ainsi (recto/verso):
Ce cycle de vie de quatre tournants s’accompagne d’une succession inévitable de quatre archétypes générationnels. Chaque nouvelle génération naît au cours de l’un des quatre tournants dont les évènements et l’humeur façonnent l’archétype. Les « prophètes » (ce sont les Boomers du saeculum en cours) naissent lors d’une phase d’ivresse, les « nomades » (Génération X) lors d’un éveil, les « héros » (Millenials) pendant un dénouement et les artistes (Génération Z) lors d’une crise.
Howe et Strauss pressentaient en 1997 que nous approchions du 4ème tournant : « Quelque temps avant l’année 2025, l’Amérique franchira un grand portail de l’Histoire, un passage d’une portée semblable à la Révolution américaine, la guerre civile et les tourments successifs de la Grande Dépression et de la Seconde Guerre mondiale. » Cette prédiction s’est amplement vérifiée : depuis la crise financière mondiale de 2008, nous vivons le dernier acte d’un drame qui a pris naissance à l’issue de la Seconde Guerre mondiale.
Attendons-nous à voir l’individualisme et le collectivisme s’affronter de nouveau, non plus pour le contrôle des moyens de production mais cette fois-ci sur le terrain culturel.
Lors d’un 4ème tournant, la tentation du totalitarisme est forte. De telles pulsions s’expriment déjà dans des géographies où on les pensait éteintes à jamais.
Bitcoin sera sans doute un des principaux moteurs d’une ère de renaissance à venir.
en savoir + sur le 4eme tournant
The Fourth Turning: Why American 'Crisis' May Last Until 2030- Neil Howe
La vidéo ci-dessus est présentée par Neil Howe, chef du département démographie de Hedgeye. Il y décrit la théorie de son ouvrage de 1997 « The Fourth Turning », coécrit avec William Strauss. Les travaux de Neil ont influencé des hommes politiques, de Newt Gingrich à Al Gore, et tout cela aboutit à une grande théorie avancée dans The Fourth Turning. Selon le magazine Time, l’influent stratège politique en chef du Président Donald Trump, Steve Bannon, a été « captivé » par le livre.
Bitcoin & the Rhythms of History - Brandon Quittem
Mégapolitique & souveraineté individuelle
The Sovereign Individual
The Sovereign Individual, paru en 1997, décrit l’avènement de la société de l’information comme la transition économique et politique la plus significative depuis des siècles. C’est la dernière itération d’une série de mutations sociétales qui ont conduit l’humanité des temps immémoriaux de la chasse et de la cueillette à l’ère agricole puis à l’époque industrielle. L’ouvrage se penche sur les notions de propriété individuelle et d’indépendance de l’individu vis-à-vis de l’État dans le contexte du déclin des nations et des États-nations.
La thèse de l’ouvrage s’appuie sur l’hypothèse du rôle fondamental de la logique de la violence. Tout au long de l’Histoire les hommes ont souvent pu constaté qu’il est plus facile de prendre aux autres que de produire soi-même. Notre dur labeur est perdu si ses fruits ne sont pas protégés. Au cours de l’Histoire l’évolution des moyens de protection des fruits de notre travail modifie la logique de la violence. Cette évolution est au cœur des principales transformations sociétales.
Les auteurs introduisent le concept de facteurs mégapolitiques expliquant que contrairement aux institutions humaines soumises à leur contrôle conscient, ces facteurs mégapolitiques échappent largement à notre volonté. Les quatre principaux types de forces mégapolitiques recensés sont : la topographie, le climat, les microbes, et la technologie. Durant l’ère moderne la technologie s’est avérée de loin le facteur le plus important pour déterminer les coûts et récompenses de la projection de la puissance.
Le passage à l’ère informationnelle avec l’avènement de la cryptographie et le développement du cyberspace va provoquer un bouleversement irrévocable du pouvoir des gouvernements et libérer les individus comme jamais auparavant.
Davidson et Rees-Mogg notent que les transformations sociétales s’accompagnent d’une remise en cause et du remplacement des normes morales. Autorités et institutions sont traitées avec un dédain croissant. L’affaiblissement des institutions et de l’éthique sociale créé un environnement propice à la corruption.
L’ère de l’information entraîne une diminution des rendements de la violence et permet l’essor de nouvelles souverainetés capables d’assurer efficacement la protection contre la violence tout en consommant le moins de ressources possible. L’argument central de ce livre est que la capacité accrue des individus à protéger leurs transactions et leurs actifs d’une taxation prédatrice implique un déclin de la redistribution des ressources, ainsi qu’un contrôle social moins centralisé, moins de réglementation et d’enrégimentement, et finalement une dévolution du territoire.
A 1997 Prophecy: The Sovereign Individual
approfondir la these du sovereign individual
L’État Providence est mort : réflexion sur l’anatomie de l’État moderne - Théo Mogenet
Bitcoin and The Sovereign Individual - James Davidson (co-author) with Robert Breedlove on the What is Money podcast
James Davidson se joint à Robert Breedlove pour discuter des thèmes de son livre « The Sovereign Individual » qui touchent aux variables mégapolitiques, aux pouvoirs changeants dans le monde et à ses prédictions sur le 21e siècle. Cette conversation est une réédition d’une émission diffusée à l’origine sur Real Vision.